« Penser la réforme de l’Église »

Il y a quelques mois paraissait le livre Penser la réforme de l’Église, écrit par l’ecclésiologue louvaniste Joseph Famerée et son confrère de l’Université de Laval, le Professeur Gilles Routhier. Il nous invite à réfléchir à ce qu’est une réforme de ou dans l’Église. Un livre à découvrir alors que s’ouvre le Synode.

Penser la réforme

Dès les premières pages, le livre nous dit ce que la réforme n’est pas : la réforme n’est ni un effet de mode, ni l’originalité d’un pontificat. En effet, le fait « réforme » appartient à la vie de l’Église, à son histoire, à sa catholicité, même si l’appellation a pu varier au fil des siècles. Au fil de l’histoire, « ce sont souvent les papes et les conciles qui, recueillant les appels en faveur de la réforme in membris et in capitis, en ont porté le flambeau. »

Toute réforme n’a pas connu une issue heureuse. Certaines ont même été schismatiques. Dès lors, comment reconnaître une réforme authentique ? Quels sont les ingrédients pour une réforme réussie ? Pour répondre à cette question, le Professeur Joseph Famerée s’appuie de manière critique sur le père Congar qui, dès 1950, énumérait 4 critères dans son ouvrage magistral Vraie et fausse réforme dans l’Église :

  • Primauté de la charité et sens pastoral : la vérité se situant dans la réalité de l’Église, une réforme ecclésiale réussie ne peut être faite qu’« en réponse aux besoins concrets des âmes, dans une perspective pastorale, par des saints. »
  • Sentire cum Ecclesia ou rester dans la communion du tout : « ce n’est que dans la communion totale que se trouve la vérité totale ». Cette attitude profonde de communion se concrétise, en particulier, dans une relation vivante avec la hiérarchie issue des apôtres.
  • Temps et patience : « seul ce qui a été fait avec la collaboration du temps peut vaincre le temps ». Une réforme doit respecter les délais de la croissance et de la moisson, de peur d’arracher le bon grain avec l’ivraie.
  • Vrai renouvellement par retour au principe de la Tradition : toute réforme ecclésiale commence par réinterroger la tradition, scripturaire notamment, pour approfondir la communion avec toute l’Église, notamment celle des Apôtres, témoins du Ressuscité… sans pour autant négliger l’importance de s’inscrire dans la diversité des cultures et d’ « assumer les dons des nations ».

Le professeur Famerée se plaît à rappeler que la rénovation de/dans l’Église n’est pas équivalente à une restructuration du personnel, à une nouvelle répartition des compétences et des pouvoirs ou à une réorganisation des dicastères : la « réforme » est avant tout un appel à une conversion pastorale continue qui vise à se conformer de plus en plus au Christ, afin de rendre l’Église apte à annoncer l’Évangile d’une manière authentique et crédible.

« ‘‘Qui me voit, voit aussi le Père’’ (Jn 14,9), pouvait dire Jésus.
Qui voit
l’Église, signal levé au milieu des nations –
et on la voit à travers ses œuvres,
son institutionnalité,
ses pratiques, ses normes et ses règles –
doit percevoir la lumière du Christ
qui réfléchit sur son visage,
qui l’irradie de sa lumière
. »

Parmi les chemins de conversion, le théologien québécois Gilles Routhier épingle celui de la miséricorde qu’il considère comme « fondement, principe et critère de toute réforme dans/de l’Église ». Nous avons l’habitude de parler de la miséricorde dans le cadre de notre vie spirituelle et de nos engagements pastoraux, mais n’affecterait-elle pas aussi l’Église dans son institutionnalité et sa sphère juridique ? Faire de la miséricorde un critère de tout renouveau ecclésial doit permettre à l’Église, dans ses pratiques et ses institutions, d’exprimer et de manifester la figure du Dieu miséricorde.

« Ce qui est au cœur de l’Évangile
et du visage proprement chrétien de Dieu que le Christ révèle
doit apparaître clairement dans la vie de l’Église,
car c’est l’Église elle-même qui est langage.
En effet, la vie de l’Église parle plus fort
que ce qu’elle annonce à travers tous ses discours et déclarations
et l’on ne prête attention à son témoignage
que dans la mesure où il est livré dans sa vie.
»

*    *

*

Le livre Penser la réforme de l’Église peut être emprunté au Centre de Documentation du Centre pastoral, à Wavre.

Service de la Formation
Vicariat du Brabant wallon

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