« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
Avec les extraits du livre des Actes des Apôtres et de l’épître de Jean lus ce dimanche, nous rejoignons les premières communautés chrétiennes, témoins de la Résurrection. Si l’évangile nous reporte aux derniers moments de Jésus avec ses disciples, il n’en est pas moins ‘pascal’. Les paroles prononcées alors ne peuvent se comprendre qu’après Pâques qui leur confère toute leur consistance et leur plénitude.
En ces temps où il est quelque peu édulcoré, les lectures de ce jour contribuent à redorer le mot « amour », omniprésent. Elles lui rendent ses lettres de noblesse… et infiniment plus. Elles nous mènent à son unique et véritable source, offerte à tous en Jésus : l’amour du Père. Et, si l’amour est un ‘commandement’ c’est parce qu’il est le seul chemin à emprunter pour ‘demeurer’ en Jésus et, par grâce, goûter la vraie joie, celle des disciples ‘marchant dans les pas du Ressuscité’.
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Pour entrer dans la prière, nous pouvons écouter ce chant
Prier l’évangile de Jean (15,9-17)
1er temps – Invocation à l’Esprit Saint
- Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Viens, Esprit Saint…
Viens dans le silence et la paix de mon cœur.
Donne-moi d’y accueillir et de goûter la Parole de Dieu.
Qu’à ta lumière j’y perçoive la présence aimante du Seigneur
Et discerne les chemins de vie nouvelle qu’il me prépare.
Viens, Esprit Saint…
Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
- Lire le texte en silence.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15,9-17)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
09 « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
11 Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
12 Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
13 Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
17 Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.
- « En ce temps-là », c’est le soir du dernier repas de Jésus avec ses disciples. « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. », précise l’évangéliste (Jn 13, 1). Jésus a lavé les pieds de ses disciples, leur donnant un exemple, et Judas est parti en vue de le trahir. Alors, il leur parle longuement ; il leur livre un véritable testament spirituel. Les apôtres le reçoivent dans une certaine incompréhension et tristesse. L’évangéliste Jean nous les transmet à la lumière de Pâques. Ce sont des paroles denses que, plus tard, « l’Esprit Saint leur fera s’en souvenir » (14,26) et garder avec soin comme un précieux bagage pour leurs chemins de témoins de la Résurrection.
- Dans les versets 1 à 8, précédant le texte de ce dimanche, Jésus exhortait les disciples à « demeurer en lui », tels des sarments qui ne font qu’un avec le cep. Ainsi pourront-ils porter du bon fruit en abondance.
- « Comme le Père m’a aimé » : le mot ‘comme’ n’exprime pas une comparaison. Il s’agit plutôt de signifier une même nature : l’amour qui unit le Père au Fils unit aussi Jésus à ses disciples et, enfin, s’écoule dans l’amour mutuel. Ce n’est pas n’importe quel amour, mais celui révélé sur la croix.
- « Demeurez dans mon amour », dit Jésus. Nous retrouvons le même appel que dans l’image de la vigne mais, ici, Jésus précise qu’il s’agit de demeurer dans son amour ; le recevoir sans cesse, en vivre et le donner.
- « Que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite », ose demander Jésus en ce soir d’angoisse et de trouble à l’approche de sa passion. Au chapitre 17, dans sa grande prière adressée au Père, Jésus l’évoque à nouveau : « qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. » (v.13) Cette joie, qui semble ne pas craindre les tribulations, était annoncée dans l’ancien Testament comme un signe des temps messianiques, ainsi en Isaïe : « ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. Oui, dans la joie vous partirez, vous serez conduits dans la paix. » (55, 11.12a) C’est la joie de Jésus, communiant à la volonté du Père et l’accomplissant, offerte aux disciples et que nul ne pourra leur ravir (Jn 16,22).
- « Mon commandement le voici » : le mot ‘commandement’ induit que le véritable amour ne relève pas de la sensibilité mais de la volonté. Jésus passe du pluriel « mes commandements » au singulier, signifiant ainsi que toutes les consignes enseignées aux disciples se ‘cristallisent’ finalement en une seule : l’amour.
- Jésus a choisi et établi ses disciples. ‘Établir’ suggère à la fois l’idée d’accorder un mandat qui autorise l’exercice d’une mission et, en même temps, de donner les moyens pour la mener à bien.
Relire à nouveau le texte en silence : je prends le temps de le retranscrire, goûtant chaque mot. Utilisant des crayons de couleurs différentes, je repère les mots qui se répètent. De qui parle-t-on ? Qu’en dit-on ? Je me représente le lieu, le moment ; je me glisse auprès de Jésus et des disciples… Je relève ce qui me parait important dans le texte.
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Service de la Vie spirituelle
Vicariat du Brabant wallon
Illustration d’entête : © Pixabay – Randhir Kumar
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