1er mai, fête du travail et de St Joseph, patron des travailleurs.
L’occasion était belle en cette année dédiée à st Joseph de marquer le coup. Le Service de la Formation du Vicariat du Brabant wallon s’est mis au défi de réunir une table ronde en ce samedi soir autour du thème : « Travail et spiritualité – quels liens ? » Trois intervenants, une soixantaine de participants et une heure et demie plus tard, le résultat semble avoir porté fruit.
Sans vouloir être exhaustif, nous vous partageons quelques points des échanges de cette soirée.

Notre premier intervenant, Xavier Muller, démarre la soirée en recontextualisant la question posée. Il précise que la question de lier travail et spiritualité ne va pas forcément de soi dans le monde actuel et dans l’histoire. C’est un peu une spécificité de la chrétienté d’y mettre du lien. Pour deux raisons : la première plus théologique et biblique et la seconde plus anthropologique. En effet, Dieu est créateur. Il part de la terre pour modeler l’homme et Jésus durant la plus grande partie de sa vie va travailler comme charpentier. Cela, parmi d’autres éléments, montre l’importance du travail, comme acte de co-création. La seconde raison provient de l’importance pour l’homme d’avoir une vie unifiée et donc que la vie de travail, la foi et toutes les autres dimensions de la vie s’accordent les unes aux autres. Ces deux points font donc que, pour le chrétien, la question relève une importance particulière.
Il voit trois obstacles à cette unité entre notre vie de travail et de foi : nous-mêmes (quel place je donne au travail dans ma vie en général – je le survalorise ? je le dévalorise ?), le sens de mon travail et la tentation du monde de reléguer la vie spirituelle à la sphère exclusivement privée.
Il trouve personnellement réponse à ces obstacles en mettant toujours la recherche du Royaume en premier, en voyant son travail comme un lieu du don de soi et en résistant au monde par la croyance qu’un travail humanisé est possible.
« Comme nous y invite l’évangile, je cherche d’abord le Royaume de Dieu et le reste est donné par surcroit. »
Nous écoutons ensuite Grégoire Wieërs qui nous partage sa réflexion sur cette question : « Que signifie être catholique dans un hôpital catholique ? »
Il témoigne de l’importance de professeurs, collègues ou patients dans son chemin de foi. C’est sans doute pour lui sur son lieu de travail que se situent les rencontres les plus éclairantes.
Il se sent catholique quand il est dans une dynamique d’accueil, qu’il s’efface devant la vie de l’autre, quand il veille au bien-être et à la bienfaisance, quand il voit la relation à l’autre comme un espace sacré. Travailler dans un hôpital, c’est porter avec d’autres le souci de la bienveillance qui ne se limite pas à un agir mais à l’attention universelle que le bien grandisse. C’est aussi faire fraternité avec les collègues, avec les malades au bénéfice de ce bien. Une certaine manière de faire corps…
Il nous partage qu’il se sent croyant dans son travail, sans avoir besoin de le dire, mais que par ses actes, il peut vivre l’évangile. Il voit sa foi comme une fenêtre sur l’autre, un espace d’accueil où on se laisse travailler par ce que l’autre peut nous apporter.
« Pour reprendre les paroles de Pierre Claverie : être dans l’accueil, c’est ouvrir la porte et s’effacer. »
La troisième intervention revient à Clémence qui fait partie de la Fraternité des petites sœurs de Jésus. Cette congrégation souhaite donner sens et valeur à la vie cachée du Christ et de tous ceux qui portent dans l’ombre des métiers parfois ingrats et lourds. Les petites sœurs exercent donc des métiers de vendeuses, blanchisseuses, femmes de ménage, etc.
Clémence nous partage qu’elle se sent appelée à participer au Royaume par le témoignage de sa vie, plus que par une parole sur la foi. Pour elle, témoigner de sa foi, c‘est concrètement donner de la dignité à l’autre ; montrer l’amour de Dieu dans ses actes : écouter l’autre dans ce qu’il vit, apprendre à le connaître, accepter l’aide qu’il peut nous apporter et l’aider à son tour quand cela s’y prête, dans un va-et-vient d’attention mutuelle. Croire aussi en la dignité du patron qui a parfois uniquement le profit en tête au détriment des conditions de travail des employés. Garder alors cette croyance en la dignité de chaque homme et oser un dialogue constructif pour peu à peu faire bouger certaines lignes. Le fait de vivre ces métiers parfois difficiles ensemble permet de donner du sens, par la fraternité et le fait de porter ces tâches à plusieurs, pour le bien de tous.
« Au travail, je peux rendre Dieu présent par mes actes. »
Pour tous les trois, prier au travail c’est faire pleinement ce que nous sommes appelés à faire à ce moment-là, d’exprimer ainsi l’amour de Dieu à travers nos attitudes et nos actes. Grégoire souligne que dans le travail, il se sent proche de Dieu en étant en communion avec les gens qu’il rencontre et que cela peut aussi se manifester en laissant passer Dieu devant nous pour préparer la rencontre.
La prière personnelle à la maison, en communauté, se trouve enrichie de toutes les rencontres vécues, des situations à déposer. Clémence nous partage que sa prière se trouve nourrie par son travail et inversement. Par exemple, pouvoir être gratuitement dans la prière, dans l’écoute de Dieu, tout comme elle se met à l’écoute des personnes qu’elle rencontre… et inversement.
Et Xavier de conclure la soirée en nous partageant une belle image, suite à une question d’un participant sur le burn-out : nous avons besoin de recevoir pour donner et on ne donne bien que ce dont on surabonde soi-même. Pour pouvoir donner à long terme, il faut avoir assez de carburant – notre vie spirituelle peut nous permettre de recevoir, de remplir de carburant le réceptacle que nous sommes et le débordement arrivera aux autres par surcroit. Pensons donc à nous abreuver régulièrement à la Source pour que nous puissions ensuite témoigner dans les lieux où nous sommes envoyés de cette espérance, de cette foi qui nous habite.
Service de la Formation
Vicariat du Brabant wallon
Quelques retours glanés des participants
« Je souhaite vous féliciter pour cet évènement. J’ai beaucoup aimé votre introduction, aussi bien les intervenants. Xavier Muller a très bien aidé à contextualiser et les deux autres intervenants ont donné des témoignages fantastiques. A titre personnel, je n’ai jamais entendu un témoignage de quelqu’un comme la sœur, qui m’a vraiment impressionnée !!!! »
« D’autres chrétiens autour de la table que les catholiques peuvent amener aussi le témoignage. »
« Un petit apport théorique (ici finalement amené par 1 des témoins) avant les témoignages serait super ! »
« Plus de temps au témoignage de terrain comme celui de la Petite Soeur Clémence. Si possible ! Néanmoins merci de l’initiative. »
« N’hésitez pas à proposer d’autres activités de ce genre, c’était vraiment super ! »
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