Lectio divina – 5ème dimanche de Carême(B) – 21 mars 2021

« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.

Nous approchons de Pâques : les contours de la Croix se précisent et la victoire de la Résurrection se profile à l’horizon. Nous allons bientôt pouvoir célébrer cette « heure » décisive où Dieu a révélé au monde sa « grande miséricorde » (Ps 50,3), offrant à tout homme « la joie d’être sauvé » (Ps 50,14). Mais, écrit saint Paul, le « salut éternel » est offert par le Christ « dans les larmes » et par bien « des souffrances » (He 5,7.8). L’évangile de ce jour nous invite à ‘voir’ Jésus marcher librement vers la Croix et à oser le suivre sur ce chemin, pour un surplus de vie ; pour une plénitude de Vie en Dieu.

Pour entrer dans la prière, vous pouvez écouter le chant Aimer, c’est tout donner

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Prier l’évangile de Jean 12,20-33

1er temps – Invocation à l’Esprit Saint

Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence

Ô Dieu, Père des lumières,
La vraie lumière vient de toi : c’est le Christ,
Lumière du monde que tu as envoyé ici-bas
Pour illuminer nos vies.
Envoie maintenant cette Lumière dans nos âmes
Afin que nous te connaissions,
Qu’en te connaissant nous t’aimions,
Et que par ton amour
Nous parvenions à ta béatitude.

Ou avec des mots personnels…


2ème temps – Lectio

  • Lire le texte en silence.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 12,20-33)

20 En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.

21 Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »

22 Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.

23 Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.

24 Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

25 Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.

26 Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27 Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !

28 Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

29 En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »

30 Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.

31 Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ;

32 et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

33 Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.


Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.

C’est la fête de la Pâque. Comme tout Juif pratiquant, Jésus monte en pèlerinage à Jérusalem avec ses disciples. Ce qui parait normal l’est en fait beaucoup moins pour lui : Jésus court un énorme risque. En effet, quelques temps auparavant, il a rappelé Lazare à la vie (11,42-44). Suite à ce ‘signe’, beaucoup de Juifs crurent en lui. Mais d’autres allèrent trouver les pharisiens. Alors, ceux-ci et les grands prêtres décidèrent de le faire périr  (11,53). Ils donnèrent l’ordre à toute personne qui verrait Jésus de le dénoncer afin de « se saisir de lui » (11,57).

Bien au courant de cette terrible menace, il vient quand même fêter la Pâque. À son entrée dans la ville, il y est accueilli triomphalement. Voyant que les foules continuent à le suivre, « Les pharisiens se dirent alors entre eux : ‘‘Vous voyez bien que vous n’arrivez à rien’’ » (12,19). Ils expriment leur scepticisme mais, sans le vouloir, ne sont-ils pas en train de dire la vérité ? Quelqu’un peut-il vraiment s’opposer à l’œuvre de Dieu ?

C’est dans ce contexte plus que tendu que nous rejoignons Jésus. La foule est là. Il y a aussi des Grecs. Ce ne sont pas des Juifs venus de Grèce, mais bien des païens qui, proches d’une communauté juive, ont découvert la foi au Dieu unique. Ils y adhèrent sans pour autant se faire circoncire et respecter toutes les prescriptions de la Torah. On les appelle les « craignant Dieu ».  En les mettant en scène, Jean introduit ainsi la réalité d’un salut universel.

Ces Grecs veulent voir Jésus. Ce verbe est cher à l’évangéliste Jean. On le retrouve, entre autres, au moment où Pierre et Jean courent vers le tombeau vide au matin de Pâques : « C’est alors qu’entra l’autre disciple (Jean), lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut » (20,8). ‘Voir’ et ‘croire’ y sont étroitement associés comme si ‘voir’ c’était découvrir Jésus dans toute sa plénitude, faire l’expérience de l’amour du Père en Jésus mort et ressuscité.

Les Grecs s’adressent à Philippe. C’est un « frontalier » de Bethsaïde, ville située à l’extrême nord du pays, quasi en terre étrangère. Il est aussi celui qui demandera à Jésus : « montre-nous le Père » (14,8). Philippe en parle à André, un des deux disciples à qui Jésus avait dit : « Venez, et vous verrez » (1,39).

Le moment de ‘voir’ est arrivé. À ceux qui ont transmis la demande des Grecs, Jésus répond avec l’affirmation : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié » (v.23). Jésus les oriente ainsi vers la croix – qu’on pressent déjà glorieuse -, vers le moment où il sera pleinement révélé et que tous pourront ‘voir’ et, peut-être,  croire.

L’heure est une expression un peu énigmatique qui traverse tout l’évangile de Jean (mentionnée 26 fois). Déjà aux noces de Cana, Jésus dit à Marie : « Mon heure n’est pas encore venue » (2,4). Cette ‘heure’ n’est pas tellement un moment mais plutôt un événement, décisif pour l’histoire de l’humanité, par lequel Jésus est « devenu la cause du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent (ou marchent à sa suite) » (He 5,9). Cette ‘heure’ englobe tout le Mystère pascal, de la Passion au don de l’Esprit (le soir de Pâques dans l’évangile de Jean). Elle révèle la ‘gloire’ de Dieu, c’est-à-dire le poids, la consistance inouïe de l’amour de Dieu pour tous les hommes. C’est la « grande miséricorde » dont parle le  psaume 50 (v.3).

La parabole du grain de blé tombé en terre rend à merveille l’articulation entre mort et résurrection : un enfouissement, un effacement pour une fécondité surabondante. C’est le chemin pour Jésus. C’est aussi le nôtre, qui passe par le service (trois fois dans le texte) et le renoncement à soi-même: « Comme lui, nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour, comme lui » dit un chant de Robert Lebel.

« Maintenant mon âme est bouleversée » (v.27). Jésus est bien conscient que cette ‘heure’ se vivra dans la souffrance. Dans son récit de la Passion, Jean ne mentionne pas la prière de Jésus à Gethsémani. Il la place ici, dans un contexte différent : entouré de la foule, en pleine journée. Jésus y redit son ‘oui’, librement, car sa vie, nul ne peut la lui enlever mais c’est lui qui la donne (10,18). On peut même dire que dans ce ‘oui’ s’ouvre déjà ‘l’heure’, celle du jugement et de la victoire sur le prince de ce monde (v.31). Par trois fois, Jean utilise le mot ‘maintenant’.

Une voix vient du ciel, comme une confirmation de la part de Dieu : il cautionne et se révèle entièrement dans l’offrande de Jésus, ‘maintenant’ comme à chaque instant de sa vie.

Enfin, Jean termine en rappelant l’inéluctable passage par la croix : « quand Jésus aura été élevé de terre » (v.32). À  cette époque, ‘être élevé de terre’ signifiait mourir par crucifixion.

Nous ne sommes pas encore dans la lumière pascale, mais la voie est tracée pour qui veut suivre Jésus, pour qui veut le ‘voir’…


Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots, particulièrement ceux qui se répètent. J’observe les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la ‘parabole’ du grain tombé en terre… Je relève ce qui me parait important dans le texte.

Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. «  Que me dit le texte ? »

3ème temps – Meditatio

Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?

Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.

4ème temps – Oratio/Contemplatio

Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…

Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.

5ème temps – Actio

Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.

Service de la Vie spirituelle
Vicariat du Brabant wallon

 

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