Art & Foi – Solennité Saint Joseph

Pour entrer dans la méditation, écoutons une hymne chantée le jour de la saint Joseph
dans la liturgie des heures : Dieu t’a choisi.

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En la solennité de saint Joseph ce 19 mars, laissons dialoguer deux œuvres représentant Jésus enfant avec Joseph à l’œuvre dans son atelier de menuiserie. Trois siècles séparent ces deux représentations de Georges de la Tour et d’Arcabas. Les deux artistes semblent néanmoins partager une inspiration commune. Le peu qui nous est dit sur Joseph dans les évangiles souffle en eux l’histoire de cette Sainte Famille : vie quotidienne de labeur en famille, simplicité, ancrage dans la réalité très concrète de la vie des plus humbles et… tendresse d’un père, témoignage pour son fils d’une vie de foi, guidée par l’Esprit.

Dans les deux tableaux, comme souvent dans les œuvres représentant saint Joseph, nous voilà donc emmenés dans une scène de la vie quotidienne. Le fils assiste son père dans ses travaux, participant ainsi à la vie familiale.

Les manches retroussées, Joseph s’applique à un travail bien fait. Le vêtement est simple dans des tonalités de bruns, foncées chez l’un et plus claires chez l’autre – couleurs de la terre, du sol, de la réalité tangible et concrète, ancrage dans une vie de labeur. Joseph habite la réalité de son temps et apprend à Jésus à l’habiter à son tour, avec humilité et ardeur. Pas de distractions dans ces tableaux, juste les éléments nécessaires pour situer la scène avec l’aide de quelques outils. Le focus n’est pas le lieu mais la relation entre le père et le fils et le travail de Joseph.

Par son travail, Joseph est créateur de manière très concrète de charpentes de maison, de mobiliers mais il participe également à la création en tant qu’œuvre divine : « La personne qui travaille, quelle que soit sa tâche, collabore avec Dieu lui-même et devient un cocréateur  du  monde  qui  nous  entoure.[1]»

Jésus qui l’accompagne voit cet exemple : chacun à sa place et à sa manière, nous avons à participer à l’acte créateur de Dieu.

Ces deux tableaux font aussi la part belle à la lumière.

Georges de la Tour, artiste du clair-obscur, donne clarté à son tableau par cette bougie, à la flamme anormalement haute. La lumière éclaire d’une lueur vive le visage de l’enfant et plus discrètement le visage de Joseph. Elle se reflète même en transparence dans la main de l’enfant. Le regard est attiré de suite par cette lumière quasi blanche qui met l’enfant, le Christ en valeur. Dans cette scène quotidienne très réaliste, le peintre souhaite-t-il rendre l’Esprit présent, celui qui tient nos lampes allumées, qui éclaire nos vies ? ou nous rappeler que Jésus lui-même est lumière du monde ?

Dans l’autre tableau, la luminosité est omniprésente. Tout à l’inverse du clair-obscur, Arcabas est un peintre de la couleur : couleurs chaudes et froides se bousculent. Semblant venir de la droite, une lumière blanche devient tour à tour orange, rouge, jaune, emportée par une sorte de tourbillon en arrière-plan – serait-ce le souffle de l’Esprit ? Cette lumière met en évidence Jésus à la tête ornée d’une auréole dorée – couleur royale – Christ, roi de l’univers. Et le rouge, couleur sang, préfiguration du Vendredi Saint, amplifiée par la planche de bois que l’enfant tient dans sa main. Déjà enfant, il embrasse ce qui sera sa vie.

Regardons à nouveau Joseph.

Avec G. de la Tour, nous assistons à un jeu de regard : le fils regarde son père qui le regarde à son tour. Joseph est partiellement dans l’ombre et reçoit la lumière par cette bougie que tient son fils.

Chez Arcabas, Joseph est très grand mais comme en retrait, en couleur plus claire, effacé face à l’abondance de couleur sur la droite. Les traits de son visage sont diffus. Arcabas accentue par ses traits la présence presque invisible de Joseph, tout en lui donnant beaucoup de place puisqu’il occupe la moitié du tableau.

Joseph est infiniment présent dans ces deux œuvres, il occupe une majeure partie de l’œuvre dans les deux cas et dans le même temps s’efface devant son fils ou nous renvoie à lui. Le regard et le focus sont faits sur le Christ. Le pape François souligne fort bien cette qualité de saint Joseph dans sa lettre Patris corde : « La paternité qui renonce à la tentation de vivre la vie des enfants ouvre toujours tout grand des espaces à l’inédit. Chaque enfant porte toujours avec soi un mystère, un inédit qui peut être révélé seulement avec l’aide d’un père qui respecte sa liberté. Un père qui est conscient de compléter son action éducative et de vivre pleinement la paternité seulement quand il s’est rendu “inutile”, quand il voit que l’enfant est autonome et marche tout seul sur les sentiers de la vie, quand il se met dans la situation de Joseph qui a toujours su que cet Enfant n’était pas le sien mais avait été simplement confié à ses soins ».[2]

Laissons-nous interpeller par cette attitude de Joseph envers son fils qui nous parle aussi de l’amour de Dieu le Père pour chacun de nous. Un amour qui veut nous donner des ailes et nous porter au meilleur de nous-mêmes. Un amour que nous sommes invités à avoir pour ceux qui nous entourent qu’ils soient enfants, conjoints, amis, personnes qui nous sont confiées un instant …

Saint Joseph, que ta vie, ton exemple, nous portent dans nos parentalités multiples.

Service de la formation et Couples&Familles
Vicariat du Brabant wallon

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