« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
Nous quittons le Temps pascal, appelés plus que jamais à ‘marcher dans les pas du Ressuscité’. Nous avons célébré les événements fondateurs de notre foi – mort et Résurrection de Jésus, son Ascension et le don de l’Esprit. En ce dimanche de la Sainte Trinité, merveilleux cadeau pour notre ‘route’, la liturgie nous offre de célébrer tout simplement Dieu lui-même. Avec Moïse, dans le livre du Deutéronome, nous nous émerveillons de ce que Dieu fait (Dt 4,32-34). Et, nous aussi, nous proclamons et « nous méditons dans notre cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre » (Dt 4, 39). Avec Paul s’adressant aux Romains, nous reconnaissons la relation unique et inouïe dans laquelle Dieu nous introduit : « l’Esprit Saint fait de nous des fils (de Dieu)… héritiers avec le Christ » (Rm 8, 15.17). Par grâce, nous participons au courant d’amour divin.
Comme chaque dimanche, nous célébrons ‘au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit’. Nous nous mettons en présence de la vie trinitaire qui nous façonne et nous entraîne dans son débordement d’amour.
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Pour entrer dans la prière, nous pouvons écouter ce chant à la Trinité
Prier l’évangile de Matthieu (28,16-20)
1er temps – Invocation à l’Esprit Saint
- Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Viens, Esprit créateur,
Visite l’âme de Tes fidèles,
emplis de la grâce d’en-haut
les cœurs que Tu as créés.
Toi qu’on appelle Conseiller,
Don du Dieu Très Haut,
Source vive, Feu, Charité,
Invisible Consécration.
Tu es l’Esprit aux sept Dons,
Le doigt de la main du Père,
L’Esprit de Vérité promis par le Père,
C’est toi qui inspires nos paroles.
Fais-nous connaître le Père,
révèle nous le Fils,
et Toi, leur commun Esprit,
fais nous toujours croire en Toi.
(Extraits du Veni Creator)
Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
- Lire le texte en silence. Prendre le temps de le recopier, goûtant chaque mot… soulignant, coloriant…
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
(Mt 28,16-20)
En ce temps-là,
16 les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.
Les versets de l’évangile de Matthieu lus ce dimanche en sont les tout derniers. Le chapitre 28 commence avec les deux Marie se rendant au tombeau. L’ange qui a roulé la pierre leur donne un message : « allez dire aux disciples : Jésus est ressuscité des morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez » (v.7). Cette promesse est réitérée par Jésus lui-même, venu à la rencontre des femmes : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (v.10).
Les disciples ont répondu à l’appel et Matthieu nous relate ce moment avec Jésus ressuscité, le seul dans son évangile. Il est bref, peu de détails mais un envoi.
- On ne sait pas quand cela se passe. Par contre, Matthieu donne des indications de lieu. Il situe l’événement en Galilée. C’est une région frontière où Juifs et populations étrangères cohabitent. Jésus commença sa vie publique dans cette contrée, « pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! » (4, 15).
Avant de quitter ses disciples, au cours de son dernier repas, Jésus leur avait déjà dit : « Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (26, 32).
- La rencontre se vit en Galilée et, plus précisément, « sur la montagne ». Mais quelle montagne ? La mention de ce lieu a davantage une portée symbolique que géographique. Dans la Bible, la montagne est le lieu où Dieu s’est manifesté ; ainsi à Moïse et Élie sur le Sinaï. Elle est le lieu où Jésus a proclamé les Béatitudes (5, 1), a multiplié les pains (16, 29) ; il s’y retirait pour prier son Père (14, 23). Et c’est sur une ‘haute montagne’ que Pierre, Jacques et Jean ont vu Jésus transfiguré (17, 1-9).
- Les disciples, ce sont ceux qui ont été appelés par Jésus, l’ont suivi et écouté. Ils ont reçu son enseignement. Mais, au moment de la Passion de Jésus, « ils l’ont abandonné et pris la fuite» (26, 56).
Ils sont onze, douze moins un : Judas les a quittés. Il a trahi Jésus, puis est allé se pendre (26, 5).
Les ‘onze disciples’ forment donc une petite communauté imparfaite et blessée.
- Le récit ne se perd pas en détails : Jésus ressuscité s’approche des disciples et leur dit : « Allez ! » (v.19). Mais juste avant cela, il affirme : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (v.18). Voilà la véritable force des disciples. Car c’est « au nom de Jésus » (Ac 3,6) qu’ils pourront témoigner, enseigner, guérir, toucher les cœurs et conduire tous les hommes à Dieu. Mieux que de ‘conduire à Dieu’ il est demandé aux disciples de « baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit », au nom du Dieu unique (il n’est pas écrit ‘aux noms’) qui est Père, Fils et Esprit. Et quand on sait que ‘baptiser’ signifie ‘plonger’ et que le nom, c’est l’identité profonde de quelqu’un, on comprend que la mission des disciples est folie à vue humaine. Il s’agit de ‘plonger’ tout homme dans l’amour trinitaire, de ‘couler’ sa vie dans celle de la Trinité ! Et cette vie prendra corps en observant tout ce que Jésus nous a commandé. Saint Paul, dans la deuxième lecture, l’exprime autrement : « En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. (…) Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 14-16).
Demeurer dans l’Amour trinitaire et laisser l’Amour trinitaire demeurer en nous, voilà sans doute la seule façon d’approcher le Mystère de Dieu-Trinité et d’en vivre.
Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots – ceux qui se répètent, les verbes, les personnes, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me parait important dans le texte.
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui, de la vie trinitaire ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Service de la Vie spirituelle
Vicariat du Brabant wallon
Illustration d’entête : DR
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