Lectio divina – 3ème dimanche de Pâque(B) – 18 avril 2021

Jésus qui m’as brûlé le cœur,
fais que je sorte dans le soir
où trop des miens sont sans nouvelle.
Et par ton Nom dans mon regard,
fais-toi connaître
.

Extrait d’une hymne liturgique de Pâques – D. Rimaud

« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.

Durant tout le Temps pascal, la première lecture n’est plus un extrait de l’ancien Testament mais un passage des Actes des Apôtres. C’est ainsi que ce dimanche, nous entendons d’abord Pierre : il rappelle au peuple – non sans une certaine miséricorde – le mal fait à Jésus, lui le Juste. Puis, plein d’assurance, il rend témoignage de la Résurrection du Seigneur (Ac 3,13-15.17-19). Dans l’évangile, nous retrouvons le même Pierre mais « bouleversé », « n’osant y croire, saisi d’étonnement » (Lc 24,38.41). Les événements semblent nous être rapportés à l’envers : le dénouement avant l’épreuve !… Et si cette façon de faire nous permettait de contempler l’incroyable confiance de Jésus ressuscité en Pierre et en tous ceux qui étaient là lors de son apparition ? Oui, il les croyait capables d’accueillir la puissance de l’Esprit et disponibles à son action, prêts, un jour, à sortir pour annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection et du pardon des péchés.

Jésus ne vient-il pas aussi vers nous avec une telle confiance ?

Pour entrer dans la prière, nous pouvons écouter l’hymne évoquée en début d’article.

 Télécharger cette méditation en format pdf

 Prier l’évangile de Luc (24,35-48)

1er temps – Invocation à l’Esprit Saint

  • Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence

Viens, Esprit Saint,
ouvre mon cœur à la joie de Pâques
et mon intelligence à la compréhension des Écritures.
Fortifie ma foi pour que je puisse à mon tour
marcher dans les pas du Ressuscité
et témoigner de sa Résurrection.

  • Ou avec des mots personnels…

2ème temps – Lectio

  • Lire le texte en silence.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 24,35-48)

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs…

35 […] racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

36 Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »

37 Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.

38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?

39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

40 Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »

42 Ils lui présentèrent une part de poisson grillé

43 qu’il prit et mangea devant eux.

44 Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.

46 Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,

47 et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 À vous d’en être les témoins. »


Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.

Le chapitre 24 et dernier de l’évangile de Luc commence au matin du « premier jour de la semaine » (v.1), après la mort de Jésus survenue deux jours plus tôt. Des femmes se rendent au tombeau. Elles le découvrent ouvert et vide. Deux « hommes en habit éblouissant » (v.4) leur annoncent la Résurrection de Jésus, conformément à ce qu’il a dit quand il était en Galilée. Rapportant la nouvelle aux Apôtres et à ceux qui étaient avec eux, elles ne sont pas prises au sérieux. Pierre, lui, court jusqu’au tombeau et en revient « tout étonné » (v.12). « Le même jour » (v.13), deux disciples font route vers Emmaüs. Décontenancés et attristés par ce qui est arrivé à Jésus, ils quittent Jérusalem. Chemin faisant, ils sont rejoints par Jésus. Il les écoute puis se met à « leur interpréter, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait » (v.27). Au cours du repas qu’ils prennent ensemble, Jésus rompt le pain. « Alors leurs yeux s’ouvrent et ils le reconnaissent » (v.31). Aussitôt, ils retournent à Jérusalem et vont rejoindre les « onze Apôtres et leurs compagnons » (v.33). Ceux-ci racontent qu’entretemps, « le Seigneur est apparu à Simon-Pierre » et d’un seul cœur ils proclament « Il est réellement ressuscité » (v.34).

C’est ici que commence l’évangile de ce dimanche.

« En ce temps-là », c’est donc le soir du « premier jour de la semaine ». L’évangéliste aurait pu écrire « au lendemain du sabbat ». Parler d’un « premier jour », c’est choisir de nous renvoyer au récit du début de la Genèse et induire l’idée d’un « nouvelle création ». Avec la Résurrection de Jésus un monde nouveau est inauguré.

Ils parlaient entre eux ; peut-être étaient-ils enfermés, comme le précise l’évangéliste Jean (20,19). Alors, Jésus « fut présent au milieu d’eux » (v.36). Le verbe « être » est le même que celui utilisé dans le récit du Buisson ardent quand Dieu révèle son Nom, « JE SUIS » (Ex 3,14).

Sa première parole est « la paix soit avec vous ! ». Par sa vie, sa mort et sa Résurrection, Jésus est celui qui établit la véritable PAIX : le réajustement, en plénitude, de l’homme avec Dieu. C’est bien ce qui était annoncé dès les premiers versets de l’évangile de Luc, plus précisément dans le cantique de Zacharie : « quand nous visite l’astre d’en haut (…) pour conduire nos pas au chemin de la paix. » (1,78.79).

Face à la réaction des Apôtres et de leurs compagnons, Jésus demande : « pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? » (v.38). La Traduction Œcuménique de la Bible parle d’« objections qui s’élèvent »… alors qu’il s’agit plutôt d’une Bonne Nouvelle à laisser descendre.

Jésus va donner plusieurs signes que c’est bien lui, qu’il est là avec son corps : ses mains et ses pieds marqués par les blessures de la crucifixion ; il a chair et os. Il va manger devant eux. À aucun moment il n’est écrit que Jésus va orienter les regards vers son visage. Sans doute, Jésus est-il le même et pourtant tellement différent. La résurrection n’est pas une « réanimation », un retour à la vie avant la mort.

L’emploi des verbes falloir et accomplir (v.44) ne signifie nullement que la souffrance était obligatoire mais qu’elle est la conséquence d’un plan de Dieu, un plan de miséricorde.

Jésus s’en réfère à la « Loi de Moïse, aux prophètes et aux psaumes » (v.44). Luc est le seul évangéliste à présenter les psaumes comme des prophéties concernant le Messie. Dans son deuxième livre, les Actes des Apôtres, il en cite de nombreux extraits pour éclairer le mystère de Jésus (par exemple, Ac 2,25-29 ou 4,25.26).

« Jésus ouvre leur intelligence à la compréhension des Ecritures » (v.45).

Aucun passage de l’ancien Testament ne parle explicitement de crucifixion, de résurrection du Messie le troisième jour. Mais, relus avec le Ressuscité, des textes entiers de l’ancien Testament prennent soudain sens et deviennent annonce de Jésus-Christ. Si le premier Testament nous aide à entrer dans le deuxième, la lumière de la Résurrection l’éclaire d’un « jour nouveau ».

Les versets 46 et 47 nous rapportent le dernier enseignement de Jésus à ses Apôtres. Il contient le cœur de notre foi, le kérygme. Et c’est bien lui que Pierre proclame dans la première lecture.

Le « pardon des péchés » est évoqué dans les trois lectures de ce dimanche, car telle est bien l’essence de la mission de Jésus et de l’Église aujourd’hui. La rencontre se termine avec l’exhortation « À vous d’en être les témoins » : il ne s’agit pas de se lancer dans de longues explications mais de rendre compte d’une expérience, personnelle, d’une rencontre avec Jésus ressuscité. Comme l’a fait Pierre : « nous en sommes témoins » (Ac 3,15).


Relire à nouveau le texte en silence : je relève les paroles des Apôtres et de leurs compagnons : quand parlent-ils ? Que disent-ils ? Je repère les sentiments qui les habitent. J’observe les paroles et les gestes de Jésus. Comment accompagne-t-il les Apôtres dans leur cheminement ? … Je relève ce qui me parait important dans le texte.

Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »

3ème temps – Meditatio

Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?

Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.

4ème temps – Oratio/Contemplatio

Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…

Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.

5ème temps – Actio

Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.

Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.

Service de la Vie spirituelle
Vicariat du Brabant wallon

Illustration d’entête : JMJ 2016 – © Vicariat du Brabant wallon – DR

Laissez-nous votre commentaire !

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :