Avec ce dimanche, l’octave de Pâques se clôt et s’ouvre le Temps pascal. L’évangile relate deux faits à huit jours de distance : le premier à lieu, le soir du premier jour de la semaine, quand « Jésus vint au milieu de dix de ses disciples », puis, « huit jours plus tard, Jésus vient », alors que « les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison et Thomas était avec eux ».
« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
L’évangile nous relate les évènements du soir du jour de la Résurrection ainsi que ceux du huitième jour après la Résurrection, établissant ainsi un lien entre le dimanche de Pâques et ce dimanche. On ne peut comprendre que « c’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous » (Ac 4,33 – première lecture) que si on sait que Jésus a donné sa Paix et son Esprit aux disciples. Ce même Esprit permet l’action de grâce : « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! » comme nous le rappelle le psaume responsorial. Enfin, si « la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi » (1Jn 5,4), la foi est aussi un don de l’Esprit.
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Prier l’évangile de Jean 20, 19-31
1er temps – Invocation à l’Esprit Saint
Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Viens Esprit Saint,
ouvre mon cœur à la joie de la résurrection,
mon intelligence à la compréhension des Écritures,
et fortifie ma foi pour que je puisse croire sans voir.
Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
Lire le texte en silence.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 20,19-31)
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C’était après la mort de Jésus.
19 Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ».
23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
24 Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
25 Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
29 Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
30 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants[1].
- Le soir venu : la scène se déroule le soir de la même journée où Marie Madeleine s’était rendue au tombeau et voyant la pierre roulée avait couru prévenir Simon-Pierre et le disciple que Jésus aimait. Les disciples vivent dans la peur et l’enfermement et c’est dans ce milieu clos que Jésus vint au milieu d’eux.
- Le premier jour de la semaine : cette expression, comme celles « du jour du Seigneur » se déroule au moment du rassemblement liturgique des premiers chrétiens, temps privilégié de la présence du Seigneur à sa communauté et moment chaque fois réactualisé lorsqu’ils se réunissent pour la fraction du pain, de leur envoi dans le monde.
- Jésus vint : ou « Jésus se manifeste » (Jn 21,1), l’évangéliste Jean n’utilisera pas le mot « apparition », comme il n’a jamais utilisé le mot « miracle » pour lui préférer celui de signe. Ici, donc, Jésus vint et sa venue est, comme de son vivant, une source de paix. Il leur dit : « Shalom ! » ce qui signifie le don effectif du salut, de la joie et de la paix.
- Jésus leur montra ses mains et son côté : les plaies des mains et du côté, traces de la crucifixion, manifestent que le Ressuscité n’est pas un fantôme. Il est bien celui que les disciples ont connu, aimé, suivi et il est désormais transfiguré par la résurrection. Cette reconnaissance par les plaies remplit les disciples de joie et la crainte s’efface.
- De même que le Père m’a envoyé : ces venues de Jésus ressuscité, ne sont pas une fin en soi, ni un privilège ou une consolation. Elles débouchent sur une mission : « de-même », littéralement « comme », n’est pas une comparaison. C’est un fondement et un enracinement. Les disciples sont envoyés, « faits apôtres » pour prolonger l’action de Jésus. C’est la première fois que l’évangéliste Jean attribue dans son évangile le titre d’apôtre aux Onze !
- Jésus souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » : quel don ! En effet, comme Dieu avait insufflé son esprit de vie sur Adam (Gn2,7), comme l’Esprit était descendu sur Jésus (Jn 1,33-34), Jésus, que Dieu a fait Seigneur, insuffle (même verbe grec ici qu’en Gn 2,7) la puissance de l’Esprit sur les disciples (Jn 14,26). Lui qui vient de faire l’expérience de la mort se révèle ici maître de la vie.
- À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis : ce don de l’Esprit attribue aux disciples une capacité nouvelle : celle de dispenser le pardon divin. Dieu seul peut remettre les péchés, mais Jésus offre à ses disciples un pouvoir qui leur appartenait en propre : l’intendance de la miséricorde divine.
- Thomas n’était pas avec eux quand Jésus était venu : alors qu’il était absent lors de la première rencontre avec les disciples, Thomas, averti de la visite du Seigneur, se montre incrédule. Et son incrédulité est fortement soulignée par le fait qu’elle s’exprime quasiment dans les mêmes termes qu’en Jn 4,48 : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » Thomas, lui qui pourtant avait invité ses compagnons à accompagner Jésus dans sa mort (Jn11,6) répugne maintenant à les accompagner dans leur foi en Jésus Vivant. Pour faire confiance, il doit vérifier par ses sens.
- Huit jours plus tard : même lieu, même circonstance, même disciples ? Non, Thomas est là. Et sa présence va tout changer. D’abord, l’insistance sur les marques des plaies accentue la continuité et la cohérence entre Jésus crucifié et Jésus glorifié. Car c’est bien l’élévation sur la croix qui constitue la révélation suprême de l’amour du Père et la glorification du Fils. Ensuite, la foi retrouvée de Thomas l’incroyant va au-delà de celle des disciples car il donne à Jésus le titre le plus grand de tout l’évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ! », entre le « verbe qui était Dieu » (Jn 1,1) et la confession que Jésus est « Seigneur et Dieu », tout est dit.
- Heureux ceux qui croient sans avoir vu : cette béatitude finale est une conclusion de tout l’évangile et une reprise d’un thème majeur du judaïsme : entre le voir et le croire, c’est le second terme qui constitue la condition normale et idéale du croyant.
Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me parait important dans le texte.
- Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
- Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
- Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
- Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
- Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Service de la Liturgie
Vicariat du Brabant wallon
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