En 2000, le 1er dimanche après Pâques a été institué « Dimanche de la Miséricorde divine ». Cette appellation est en lien avec les visions de Jésus Miséricordieux dont bénéficia une religieuse polonaise, sainte Faustine, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. De son expérience mystique provient le tableau que Jésus lui avait demandé de faire peindre. Une entreprise qui a valu bien des difficultés à la future sainte et surtout des larmes face à l’inadéquation de l’œuvre de l’artiste par rapport à la beauté de ce qu’il lui était donné de contempler.

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Le tableau est donc la traduction artistique de la vision de Faustine. Son but est de nous faire contempler Jésus ressuscité qui s’approche de nous avec miséricorde. On le voit : il est en marche vers celui qui regarde le tableau, le pied gauche mis en avant. De sa main droite, il fait un geste de bénédiction tandis que sa main gauche entrouvre un pli de sa robe au niveau du cœur. Car le cœur du tableau, c’est bien le cœur de Jésus. C’est lui qui attire notre regard et le visage du Ressuscité semble lui-même diriger le regard vers sa poitrine. Les yeux son baissés, dans une forme d’humilité et de respect de celui dont Jésus s’approche.
Le cœur est le point le plus lumineux du tableau et il éclaire le reste de la personne de Jésus. De ce cœur de lumière sortent deux rayons : rouge et blanc. Allusion à la scène évangélique où le côté de Jésus est transpercé sur la croix (Jn 19,34). En effet, Faustine rapporte qu’ici le rayon blanc représente l’eau et le rouge, le sang. L’eau qui purifie, le sang qui donne la vie. Le renvoi à la passion est indirect : c’est bien la même signification, mais l’eau et le sang sont remplacés par la lumière.
Saint Jean est le seul à parler du transpercement du cœur de Jésus sur la croix, à l’endroit du récit où les trois évangélistes synoptiques évoquent le déchirement du rideau du Temple. Le cœur de Jésus ouvert, tout comme le rideau déchiré, dévoilerait-il les profondeurs de Dieu qui désire se donner à tous ?
Comme dans l’évangile, Faustine pouvait faire siennes les paroles du disciple bien-aimé qui suivent immédiatement le verset sur le côté transpercé : « Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. » (Jn 19,35) Mystère du lien entre voir et croire, que nous suggère également le récit évangélique de ce dimanche. Jésus dit en effet à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. » (Jn 20,29) Nous ne pouvons donc savoir si Thomas a effectivement touché Jésus. Mais il nous est dit que la foi nous vient du fait de voir, de contempler Jésus.
La personne de Jésus émerge de l’obscurité. Le tout est marqué par la transparence : l’auréole discrète, la tunique qui laisse entrevoir les avant-bras, les rayons de lumière. Serait-ce pour nous signaler les propriétés autres d’un corps ressuscité ? De même, pas de marques des clous dans les mains et les pieds du Ressuscité. Celui qui regarde donc ce tableau est invité à le contempler autrement que Thomas à qui Jésus proposa de mettre le doigt dans son côté transpercé (Jn 20,27).
Le tableau s’accompagne d’une inscription « Jésus j’ai confiance en toi ». Une invitation à s’adresser ainsi au Seigneur qui précisa à sainte Faustine que le tableau avec son inscription est le vase avec lequel on puise les grâces « à la source de la Miséricorde » (Petit journal, 327). Sur les pages du journal de Faustine, Jésus ne cesse d’inviter à s’approcher de lui. Ici, la démarche marquée par le respect, le regard baissé, le geste de bénédiction, l’invitation à observer le cœur illuminé, voilà la quintessence d’un Ressuscité « doux et humble de cœur » (Mt 11,29) qui nous offre sa victoire sans prétention aucune, sans faste, car « il n’est qu’amour et miséricorde » comme disait avec conviction sainte Thérèse de Lisieux. Éblouie par la miséricorde du cœur de Jésus, elle affirmait : « Moi, si j’avais commis tous les crimes possibles, je garderais toujours la même confiance »[1] en la « miséricordieuse bonté du Roi d’amour », comme disait mère Yvonne-Aimé de Malestroit. Ce dimanche est donc une occasion pour redire notre confiance à Dieu, lui confier peut-être certains domaines de notre vie qui ont besoin de se laisser illuminer par le regard compatissant du Crucifié ressuscité.
Service de la formation
Vicariat du Brabant wallon
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