« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
28 mars 2021
Dimanche des Rameaux et de la Passion – Année B
Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem
Conscient de ce qui l’attend, Jésus poursuit sa route vers Jérusalem où il fait aujourd’hui son entrée que l’on a qualifiée de triomphale. Pourtant, ne nous y trompons pas : sa majesté n’est pas de ce monde. C’est sur un ânon que Jésus choisit de franchir les portes de Jérusalem. Cette modeste monture n’empêchera pas la foule de l’accueillir comme un Roi, comme un Sauveur. Au contraire, en agissant de la sorte, Jésus accomplit les Écritures… D’autres prophéties devront encore à s’accomplir à Jérusalem. C’est une Semaine d’épreuves, mais sainte, qui commence aujourd’hui. Accompagnons Jésus dans le don radical qu’il fait – librement et lucidement – de sa vie, pour nous ouvrir le Chemin et nous donner la Vie.
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Prier l’évangile de Marc 11,1-11
1er temps – Invocation à l’Esprit Saint
Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Notre Dieu, Père de la Lumière,
Tu as envoyé dans le monde ton fils, Parole faite chair,
Pour te manifester à nous les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint,
Afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ
Dans cette Parole qui vient de toi :
Afin que je la connaisse plus profondément
Et que, en la connaissant,
Je l’aime plus intensément pour parvenir
Ainsi à la béatitude du Royaume.
Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
- Lire le texte en silence.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 11,1-11)
1 Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples
2 et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le.
3 Si l’on vous dit : ‘‘Que faites-vous là ?’’, répondez : ‘‘Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.’’ »
4 Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent.
5 Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? »
6 Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire.
7 Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.
8 Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.
9 Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
10 Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.
Avec l’évangile de ce dimanche, nous ne sommes plus qu’à quelques jours de la Pâque. Jérusalem est déjà là. Jésus prépare son entrée. Les foules l’acclament et se réjouissent : voilà le Sauveur qu’elles attendaient, Celui qui vient au nom de Dieu. Pourtant, le procès à venir fera chavirer les cœurs des foules qui finiront par le condamner.
- Jésus marche vers Jérusalem. Le premier verset est une succession de précisions géographiques. Elles cherchent à circonscrire le lieu où se déroule la scène, sans pour autant jamais le nommer : nous sommes près de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, non loin du mont des Oliviers, à proximité de lieux de vie et de mort :
– Jérusalem est la destination de Jésus et de ses disciples : comme de nombreux juifs, ils marchent vers Jérusalem pour y célébrer la Pâque. Jérusalem est aussi le lieu de sa Passion. Enfin, avant Jésus, Jérusalem était la ville conquise par le roi David : il en fit sa capitale (2 S 5,6-12) et y fit transporter l’arche d’Alliance dans une liesse populaire (2 S 6,1-23). Et quand le roi Salomon succéda à son père, il entra dans la ville sainte, acclamé par la foule (1 R 1,39-40)
– Bethphagé signifie « maison des figues (mal mûries) » : le hameau est situé entre deux montagnes, empêchant un ensoleillement optimal des vignes. C’est de ce lieu peu favorable que viendra l’ânon dont Jésus a besoin. « Dieu est un Seigneur qui a pour unique occupation d’élever ce qui est bas (…) de ce qui n’est rien, de ce qui a peu d’apparence, de ce qui est méprisé, misérable et mort, il fait quelque chose qui existe et qui est précieux, honorable et vivant » (Luther).
– Béthanie est une petite bourgade très présente dans le nouveau Testament. C’est là que vivent les amis de Jésus, Lazare et ses sœurs Marthe et Marie. C’est là qu’a lieu la résurrection de Lazare (Jn 11,1-45), l’onction de Jésus avec un parfum de grande valeur (Mc 14,3-9) et la dernière apparition du Ressuscité (Luc 24,50).
– Le mont des Oliviers est le lieu de l’agonie de Jésus. Vrai homme, il a connu les sentiments d’extrême solitude et d’abandon de Dieu : « Mon âme est triste à en mourir… » (Mc 14,34) ou « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34).
- Comparé aux autres évangélistes (Mt 21,1-11 ; Lc 19,28-44 ; Jn 12,12-19), Marc accorde une place prépondérante à l’ânon, au point qu’aujourd’hui celui-ci semble voler la vedette à Jésus qui s’efface devant lui. Humilité de Jésus… et, en même temps, urgence de la situation : « le Seigneur en a besoin. » À deux reprises, le texte souligne le fait que l’ânon est attaché et doit être détaché pour l’œuvre de Dieu, pour porter Jésus.
La Jésus choisit d’entrer dans Jérusalem monté sur un ânon, plutôt que sur un cheval. De la sorte, il pose un acte prophétique s’inscrivant dans les promesses de l’ancienne Alliance : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations » (Za 9,9-10a). L’oracle de Zacharie oppose clairement l’ânon et le cheval, l’animal de la paix et l’animal du combat.
La présence de l’ânon attaché rappelle également la bénédiction de Jacob pour son fils Juda : « le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton de chef d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples obéiront. Il attache à la vigne son ânon ; au cep, le petit de son ânesse. Dans le vin il nettoie son habit ; dans le sang des raisins, son manteau (Gn 49,10-11). Intronisation royale et instauration d’une paix définitive, avec Zacharie. Bénédiction d’un père à son fils, avec la Genèse.
- À l’approche de Jésus assis sur sa modeste monture, la foule est en effervescence. Elle crie en étendant des manteaux sur le chemin. Voilà un geste qui évoque l’attitude des serviteurs de Jéhu lorsqu’ils reconnurent l’onction royale de leur maître : « ils se hâtèrent de prendre chacun son vêtement et les étendirent sous ses pieds en haut des marches. Puis ils sonnèrent du cor et dirent : ‘‘Jéhu est roi !’’ » (2 R 9,13). Aujourd’hui, la foule crie : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !» (v.9 ; Ps 117/118,26).
- L’acclamation hébraïque « Hosanna» signifie « sauve, nous te le demandons ». Ce cri de détresse se retrouve dans le psaume 117/118 : « Donne, Seigneur, donne le salut ! Donne, Seigneur, donne la victoire ! » (Ps 117/118,25). Cette acclamation « Hosanna », accompagnée de rameaux d’olivier, fait partie intégrante de la liturgie juive, notamment lors de la fête des Tabernacles qui commémore la libération d’Égypte (Lv 23,33-43). Par la suite, la liturgie de l’Église primitive a transformé cet appel à l’aide, ou « Donne le salut ! », en une acclamation de joie qui accueille le salut qui est là. Elle devient alors semblable à l’expression « Gloire à… »
Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots, particulièrement ceux qui se répètent. J’observe les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la ‘parabole’ du grain tombé en terre… Je relève ce qui me parait important dans le texte.
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
Relire lentement le texte : j’observe la scène, je contemple Jésus, avec ses disciples, la foule et cet ânon détaché pour le porter ; j’entends les cris de joie de la foule ; je vois le chemin qui se couvre de manteaux, les bras qui agitent leurs rameaux. Jésus cherche à me parler personnellement à travers cette Parole. Que cherche-t-il à me dire ? En quoi me rejoint-il aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi aujourd’hui, je prends le temps de contempler ce Dieu qui désire se dire dans sa Parole, qui se donner en Jésus, qui me rejoindre dans mon quotidien et dans mon coeur.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
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