« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
La première lecture de ce dimanche, extraite du livre de Job, nous fait entendre la plainte d’un homme montant vers le Seigneur. Job n’est que souffrance ; en lui se retrouvent presque toutes les épreuves des hommes. Au premier abord, la réponse offerte par le psaume (146) est plutôt surprenante : « Il est bon de fêter notre Dieu ! » (v.1). Mais le verset 3 nous en donne la clé de compréhension : « Le Seigneur guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures ».
Dès lors, n’y a-t-il pas urgence à témoigner de ce débordement de l’amour de Dieu ? Ou, comme l’écrit saint Paul, l’annoncer, n’est-ce pas « une nécessité qui s’impose à nous » (1 Co 9,16) ? Serait-ce aussi pour cela que Jésus est « sorti » (Mc 1,38) ?
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Prier l’évangile de Marc 1,29-39
1er temps – Invocation à l’Esprit Saint
- Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Par exemple avec cet extrait de la séquence de la Pentecôte :
Viens, Esprit-Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle.
Amen.
- Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
- Lire le texte en silence.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1,29-39)
29 Aussitôt sortis de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
33 La ville entière se pressait à la porte.
34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères suivants.
Toujours dans le premier chapitre de l’évangile de saint Marc, nous rejoignons Jésus au début de sa vie publique : après avoir appelé ses quatre premiers disciples, il s’est rendu à Capharnaüm, ville située au bord du lac de Galilée. Dès le sabbat, il est allé à la synagogue. Là, les gens ont été frappés d’étonnement : Jésus enseigne avec autorité et il commande aux esprits impurs.
« Aussitôt sorti de la synagogue », Jésus se rend dans la maison de Simon et André.
- Nous sommes donc encore le jour du sabbat. Le mot ‘sabbat’ signifie ‘cesser’. Le septième jour de la création, Dieu a cessé d’intervenir pour ordonner le monde et il l’a confié à l’homme. Quand Dieu s’arrête, c’est pour en appeler à la collaboration de l’homme. Et quand l’homme s’arrête, « observant et sanctifiant le sabbat» (Dt 5,12), c’est pour laisser toute la place à Dieu et aux autres. Célébrer le sabbat, c’est aussi faire mémoire de Dieu qui a libéré les Hébreux de l’esclavage en Égypte. Enfin, le sabbat est une préfiguration du monde messianique, du temps où la paix règnera et que l’homme retrouvera sa juste relation à Dieu et avec son frère. Cœur de la religion juive, le sabbat est un jour de grande paix et de délice.
- ‘Aussitôt’ est utilisé près de quarante fois dans l’évangile de Marc : la mission de Jésus, l’annonce de l’évangile ne supportent aucun délai ; il y a comme une urgence.
Jésus « saisit par la main » la belle-mère de Simon.
- ‘Prendre par la main’ est une expression qui revient à d’autres endroits dans la Bible ; elle signifie le salut apporté par Dieu. Le psaume 72 (21-24) l’exprime magnifiquement : « Oui, mon cœur s’aigrissait, j’avais les reins transpercés. Moi, stupide, comme une bête, je ne savais pas, mais j’étais avec toi. Moi, je suis toujours avec toi, avec toi qui as saisi ma main droite. Tu me conduis selon tes desseins ; puis tu me prendras dans la gloire ».
À la synagogue, Jésus expulse un esprit impur d’un homme. À la maison, il guérit une femme. C’est dans l’ordre des choses : le jour du sabbat, l’homme avait un rôle à la synagogue (prière, écoute et commentaire de la Parole) et la femme à la maison (elle veille sur la lumière du sabbat. C’est elle qui allume les deux bougies juste avant le début de ce jour). Les guérissant, Jésus rend à chacun sa juste place dans le culte à rendre à Dieu.
Le récit continue : « Le soir venu, après le coucher du soleil »…
- Dans le monde juif, la journée commence le soir avec l’apparition des premières étoiles et se termine au coucher du soleil. Le sabbat est maintenant fini, nous sommes le premier jour de la semaine.
« Jésus empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. »
- Les démons savaient et s’ils avaient parlé, ils auraient fourni une information. Avec Jésus, il s’agit de ‘connaître’. Entre ‘savoir’ et ‘connaître’ il y a un monde. L’un peut enfermer dans des mots ; l’autre entraîne sur un chemin de croissance avec Jésus, tout empreint de confiance.
« Jésus proclame l’évangile ».
- Il dit : « Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile» comme nous pouvions le lire au verset 15 du même chapitre.
« Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile (…) et expulsant les démons. »
- Après toutes les guérisons faites par Jésus (v.34), ici, il n’en est plus question. En fait, elles ne sont que les signes extérieurs de la véritable action de Jésus : vaincre l’esprit du mal, guérir les blessures du cœur.
- Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me parait important dans le
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Service de la Vie spirituelle
Vicariat du Brabant wallon
Illustration : CC0 Pexels Jackson David 4477208
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