« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
Nous poursuivons ce Temps ordinaire qui nous fait entrer progressivement dans l’évangile selon Marc : au fil des semaines à venir, nous allons redécouvrir la sainteté dans l’ordinaire de la vie des hommes… à commencer par celle de Jésus que nous nous apprêtons à accompagner dans son ministère public. Dimanche dernier, Jésus avait choisi ses premiers disciples : quatre pêcheurs qu’il avait surpris dans leur travail sur le lac de Tibériade. À peine appelés, les voilà déjà amenés à s’éloigner des rivages qui faisaient leur quotidien. Glissons-nous parmi eux, pour « écouter » l’enseignement de Jésus.
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Prier l’évangile de Marc 1,21-28
1er Temps – Invocation à l’Esprit Saint
Invoquer l’Esprit Saint et prendre un bref moment de silence
Notre Père, père de la Lumière
tu as envoyé dans le monde ton Fils,
ta Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant ton Saint-Esprit sur moi,
afin que je puisse entendre ta Parole dans ce passage de l’Écriture
et rencontrer Jésus Christ dans cette Parole qui vient de toi.
Accorde-moi de le connaître plus intensément ;
et qu’en le connaissant mieux je l’aime davantage,
parvenant ainsi, à sa suite, à la béatitude de ton Royaume,
pour les siècles des siècles. Amen.
Monastère de Bose
Ou avec des mots personnels…
2ème Temps – Lectio
- Lire le texte en silence
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1,21-28)
21 Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
24 « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
25 Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
26 L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
27 Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
28 Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
Pour répondre à des questions de compréhension, je peux m’aider des repères ci-dessous.
Jésus nous fait entrer dans la synagogue de Capharnaüm un jour de sabbat :
- La synagogue est un lieu de culte juif, le seul qui subsistera après la destruction du temple (en 70 de notre ère). Au temps de Jésus, temple et synagogue co-existent, mais le temple était le principal lieu de culte : on y pratiquait les rites et les sacrifices prescrits par la Loi. La tradition synagogale est née pendant l’exil, lorsque le peuple était privé du temple, et subsiste encore aujourd’hui. Les juifs se réunissent à la synagogue chaque sabbat pour la lecture de l’Écriture et la prière.
- Dans le judaïsme, le sabbat est un jour de repos hebdomadaire consacré à Dieu qui s’est reposé le 7ème jour, après son activité créatrice. Ce jour-là, le juif fait mémoire de la création, mais aussi de la libération de l’esclavage en Égypte. Le sabbat anticipe donc les attentes des juifs : le salut et la création nouvelle. Jésus n’aura de cesse de montrer qu’il n’est pas venu abolir le sabbat, mais l’accomplir.
Dans la synagogue, Jésus surprend : il enseigne non comme les scribes, mais avec autorité :
- Les scribes sont ceux qui enseignent et interprètent la Loi dans les synagogues. Jésus ne fait pas partie de ce groupe reconnu, même si, lui aussi, enseigne et interprète la Loi.
- L’autorité de Jésus ne vient pas, comme pour les scribes de la Tradition : elle vient de Dieu seul… et se manifeste ici en parole. Elle se manifestera juste après en actes. Nous ne connaissons pas le contenu de l’enseignement de Jésus : seule son autorité est soulignée.
Jésus pratique aussi un exorcisme, en faisant taire un esprit impur qui l’avait nommé « Saint de Dieu » :
- Selon la note de la TOB, l’esprit impur est celui qui s’oppose à la sainteté de Dieu. Ici, il est celui qui, dans l’enseignement de Jésus, reconnaît le Saint de Dieu. Étonnamment peut-être, Jésus le fait taire.
- Lors des exorcismes, Jésus rétablit l’intégrité des personnes, en exerçant son autorité sur les forces du mal.
Le texte se termine en affirmant que la renommée de Jésus commence à se répandre, grâce à cet « enseignement nouveau plein d’autorité ». Quel est-il finalement ?
- Relire à nouveau le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me parait important dans le texte.
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème Temps – Meditatio
Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que cet Évangile me révèle de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?
Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème Temps – Oratio/Contemplatio
Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème Temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église.
Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Service de la formation
Vicariat du Brabant wallon
Illustration : Icône du Christ datant du 6e siècle (Monastère Sainte-Catherine au Sinaï) – Wikipédia
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