Parmi elles se trouve cette fresque représentant l’hommage des ‘rois mages’ à Jésus.
Les siècles postérieurs ont aimé placer cet épisode évangélique (Mt 2) dans le décor de la crèche. Ici, rien de tel. Au contraire, toute la scène insiste sur la splendeur : les mages, devenus des rois dans l’iconographie chrétienne – grâce à la prophétie d’Isaïe (Is 60) – portent leurs couronnes. En face d’eux, la Mère de Dieu est assise sur un trône royal. Elle est plus grande que les autres personnages, sa couronne est aussi plus grande que celles des rois mages et elle a pour fond l’auréole. Représenter une personne plus grande que les autres est une manière typique au Moyen Âge de marquer son importance par rapport aux autres personnages présents dans la scène. C’est une grande Reine qui attire nos regards.
Si l’on suit le jeu de couleurs, on s’aperçoit que la couronne de Marie est dorée, tout comme celles du dernier et du premier roi mage. Celui-là est aussi couvert d’un manteau doré et tient dans sa main une coupe remplie… d’or (selon l’évangéliste Matthieu en Mt 2,11). Quant à Jésus, c’est sa tunique qui est toute dorée sans mélange d’autres couleurs. Marie et le roi mage ont des accessoires dorés alors que Jésus est tout vêtu d’or. La couleur dorée de la tunique de Jésus n’est pas seulement une indication d’un tissu précieux (comme c’est le cas pour les couronnes et le manteau du roi mage) elle manifeste ce qui – ou celui qui – est le plus précieux dans cette scène (Ps 130,1-2). Le roi mage offre à Jésus de l’or, affirmation de la royauté de ce dernier.
Jésus est assis sur les genoux de sa mère en position semblable à celle des représentations du « Christ en majesté ». Comme dans les peintures et mosaïques byzantines, il lève la main droite : un geste qui accompagne un enseignement donné avec autorité, même si aujourd’hui il est surtout associé à la bénédiction. Dans la main gauche, il tient le Livre. Il enseigne ce qui se trouve dans le Livre. D’ailleurs, les mages aussi avaient dû recourir aux Écritures pour le trouver (Mt 2,2.4). Jésus porte une auréole – semblable à celle qu’on voit dans les icônes – où se dessinent les trois bras de la croix. Étonnamment, le vrai roi de la scène ne porte pas de couronne ! Et pourtant…
Le premier roi mage est présenté dans une position de génuflexion. Il rend hommage à Jésus et ôte sa couronne. La royauté terrestre reconnaît ici la supériorité de la royauté de Jésus. Son mouvement s’accompagne d’une parole joyeuse : nous voyons en effet sa bouche ouverte et presque souriante. Que peut-il bien dire à Jésus et sa mère ? Son geste de soumission semble être fait avec fougue et enthousiasme. Serait-ce la joie du chercheur qui a fini par trouver ce qui ou celui qu’il cherchait ? Recherche qui ne s’est pas faite sans tâtonnements et détours, si l’on songe au passage par Jérusalem, avant d’atteindre Bethléem.
Pendant ce temps, les deux autres visiteurs semblent encore plongés dans leur discussion et leur recherche. Le dernier lève les yeux vers le haut, dans la direction indiquée par son index. Il pointe le ciel. Celui du milieu, tourné vers son compagnon de route, semble ne pas voir ce qui se passe devant lui. À son tour, il lève son index droit, mais dans un geste qui fait plus penser à une indication du chemin inspirée d’en-haut. À droite de sa main levée et au-dessus de la coupe, brille l’étoile.
Au-delà des suppositions astronomiques, tout à fait intéressantes par ailleurs, le fait que les mages aient suivi l’étoile témoigne de leur cheminement intérieur, du retournement qu’ils ont dû vivre. Pour les païens qu’ils sont, les étoiles sont des divinités. Mais, dans leur recherche ‘scientifique’, les mages ont déjà dépassé cette vision. Ils ont compris que l’étoile était un indicateur. Ce n’est plus une étoile qui commande le cours des événements. C’est l’événement de la naissance de l’Enfant qui commande le cours de l’étoile. Leur investigation des lois de l’univers les amène à découvrir son Auteur, celui dont le psaume dit : « Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom » (Ps 146,4).
Dans ces temps incertains, nous sommes nous aussi appelés à nous mettre en route, à nous laisser retourner par la nouvelle de la naissance de Celui qui ne cesse d’être notre Sauveur tout autant que le Créateur.
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Vicariat du Brabant wallon
Photo : Crypte de l’église de Gargilesse-Les rois mages-CC0-WikimediaCommons-Daniel VILLAFRUELA
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