En cette année jubilaire où nous sommes tous invités à être « pèlerins d’espérance », quelques réflexions pour vous qui envisagez de vivre une démarche concrète de pèlerinage, qu’elle soit d’une journée ou nettement plus longue, proche de chez vous ou plus éloignée…

Pélerin d’espérance
1) Il est bon d’abord de nous rappeler que les pèlerinages, nous, chrétiens, n’en avons pas le monopole – loin de là – … c’est un héritage ancré profondément dans l’humanité. On retrouve des pèlerinages quasi dans toutes les religions…
C’est que le pèlerinage, il est fondamentalement une image de la vie. Et donc, vivre un pèlerinage peut nous éclairer sur toute une série de dimensions de nos existences… C’est peut-être plus sensible dans les grands pèlerinages, mais un petit pèlerinage n’exclut pas de s’ouvrir à cela.
2) D’abord, le pèlerinage advient parce qu’il y a l’appel – intérieur ou extérieur – d’un objectif, d’un lieu lié à une expérience spirituelle :

je voudrais aller à Lourdes,
je voudrais aller à Lisieux, je voudrais aller à Basse-Wavre…


ou, cette année, je voudrais vivre le « pèlerinage jubilaire », à Rome ou ailleurs.

Un objectif que l’on pressent comme porteur de grâce… même si on ne sait pas vraiment en détails ce qu’on en recevra.
Il y a un certain appel de l’inconnu dans un pèlerinage ; tout comme Abraham, qui marche vers la terre promise par Dieu, mais qui, en fait, ne sait pas vraiment où Dieu le mène. Il y a toujours une grande part de confiance et d’espérance, quand on se laisse toucher par l’appel d’un lieu de pèlerinage. On est toujours dans les pas d’Abraham…
Et n’est-ce pas là quelque chose qui rejoint le sens de notre existence, de regarder vers quoi nous sommes appelés, et de le désirer, même si une part d’inconnu y est bien présente… ?
Le désirer, avec confiance, et pleins d’espérance. Quelqu’un nous attend.
3) Pour cela, il faudra marcher.

Tout au long de notre vie, nous marchons vers cet objectif… tout au long de chaque pèlerinage, nous marchons vers l’objectif qu’on s’est fixé. Mais pour avancer, il faut sans cesse quitter… Quitter pour partir. Quitter sa maison, quitter ses activités, quitter les siens… Faire aussi un certain vide intérieur… tout en restant en communion.
Quitter est une dimension fondamentale de la vie, et le pèlerinage nous apprend à quitter, à lâcher prise… Tout au long de notre vie, nous quittons, nous lâchons… et c’est ainsi que nous grandissons : nous commençons par quitter le confort du ventre de notre maman, et puis nous lâcherons les insouciances de l’enfance ; un jour, nous laissons nos parents entre les mains de Dieu ; les enfants aussi, il faut pouvoir les lâcher sur leur propre route… et un jour, chacun de nous lâchera tout pour s’en remettre aux mains de Dieu. Le pèlerinage nous apprend à lâcher, à quitter… sans casser les liens de communion : on les vit « autrement ».
4) Un pèlerinage, on ne le fait jamais seul : on peut bien sûr participer à un pèlerinage organisé et vivre sa démarche en groupe, mais même quand quelqu’un part en solitaire à Compostelle,

il n’est jamais seul : il est porté par tous ceux-là qui ont marché sur les mêmes sentiers, il est accompagné de ceux qu’il porte dans son cœur ou dans sa prière. Comme sur la route de la vie. Nous accomplissons notre pèlerinage terrestre sur les pas de tous ceux et celles qui ont foulé avant nous les chemins de Dieu et les chemins de l’homme. Sont avec nous au fil des jours tous ceux et celles dont nous sommes le fruit, et tous ceux-là qui nous font aujourd’hui ce que nous sommes, et tous les autres dont nous sommes frères ou sœurs en humanité, dans le visible ou l’invisible.
Chaque pèlerinage nous redit cette dimension de fraternité et de solidarité, constitutive d’une vie selon le cœur de Dieu, d’une vie selon notre vraie vocation d’hommes ou de femmes.

5) La route du pèlerinage, tout comme celle de la vie, elle a parfois son lot d’imprévus et de difficultés… et au-delà de cela, il faut pouvoir garder le cap.
Mais à travers les fatigues et les aléas du chemin, à travers tout ce que la vie peut réserver, croire que Celui qui nous attend, marche mystérieusement avec nous et nous soutient. Et ne cesser de regarder vers Lui…
Doyen Jean-Louis Liénard pour le Service de la Liturgie
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