
« La messe, c’est toujours la même chose ! » … réflexion plus d’une fois entendue. Parfois nuancée quant aux lectures et à l’homélie, mais… « l’eucharistie, c’est toujours la même chose ! » Ce qui est sans doute vrai si le célébrant se contente d’un va-et-vient de la prière eucharistique 2 à la prière eucharistique 3, et de la prière eucharistique 3 à la prière eucharistique 2. C’est évidemment « valide », mais quelles richesses des harmoniques de l’eucharistie et des liens à la Parole entendue ne perd-on pas en se limitant ainsi ? … alors qu’un immense trésor nous est offert si l’on prend la peine d’explorer quelque peu le missel.
Peut-être cette limitation trouve-t-elle son origine dans une remontée inconsciente du temps de la liturgie préconciliaire, où la seule prière eucharistique possible était le Canon Romain, ce qui dispensait de toute préparation de la partie eucharistique de la messe… Et quand on parle de préparer la messe, on réduit alors cette préparation à la liturgie de la Parole : souci de l’homélie et éventuellement de la prière universelle, mais aucun souci de la partie eucharistique. Quel appauvrissement !
Lorsque je prépare une célébration et que je suis au clair avec les grandes lignes de l’homélie,
je ne devrais, en effet, jamais éluder la question de savoir quelle préface et quelle prière eucharistique je prendrai en résonance au mystère célébré…

Les choix qui nous sont offerts sont extrêmement larges, et si on ne l’a jamais fait, cela vaut la peine d’explorer les mannes de trésors que nous offre le missel romain.
Savez-vous que le missel nous offre un choix de 98 préfaces, auxquelles s’ajoutent les préfaces des Propres Nationaux : St Augustin p.1266, St Cyprien p.1272, St Abraham p.1277, une préface centrée sur la Création p.1306, St Willibrord p.1346, et auxquelles on peut encore ajouter toutes les préfaces du missel particulier « Messes en l’honneur de la Vierge Marie » dans lequel 46 préfaces propres nous sont présentées : ainsi, 149 préfaces sont là, à notre portée, pour colorer l’ouverture à la prière eucharistique. La découverte de ce choix peut vraiment conduire à un « plus » pour nos célébrations.
Quant aux prières eucharistiques, là aussi, un large choix nous est offert, et même si la structure reste identique, il n’est pas indifférent d’insérer telle prière plutôt qu’une autre dans une célébration.
La structure d’une prière eucharistique, généralement, se présente comme suit : après la préface, vient la mémoire des merveilles de Dieu et en particulier du don qu’il nous fait de son Fils ; vient ensuite l’appel à la venue de l’Esprit-Saint sur le pain et le vin (épiclèse de consécration), puis le récit de l’institution eucharistique, suivi de l’acclamation d’anamnèse. Soit dit en passant : cette acclamation s’adresse au Christ… et donc, des acclamations qui parlent de lui sans s’adresser à lui ne sont pas tout-à-fait correctes… invitation à vérifier notre répertoire…
Après l’acclamation, vient la prière de mémorial de la Pâque de Christ et d’offrande au Père (anamnèse). Elle est suivie d’un appel à l’Esprit-Saint sur l’assemblée (épiclèse sur l’assemblée), puis de prières d’intercession : pour l’Eglise, ses responsables, le peuple chrétien et l’humanité entière ; pour les défunts, chrétiens et non-chrétiens ; et la prière exprime ensuite l’espérance de la vie éternelle et d’une création nouvelle, dans la communion des saints ; et elle se termine par une « doxologie », rendant gloire au Père par le Fils et dans l’Esprit, avec le Amen final d’adhésion de l’assemblée à la prière du célébrant.

Venons-en au choix qui nous est offert : 10 prières eucharistiques dans le missel, plus les 3 prières eucharistiques pour assemblées d’enfants (toujours utilisables en pays francophones), ce qui nous fait 13 prières eucharistiques possibles.
Chacune de ces prières a sa spécificité et peut donc être davantage en résonance à telle Parole de Dieu plutôt qu’à telle autre. Sans inscrire pour autant les choses dans un carcan, voici en quelques mots l’orientation et la convenance des différentes prières eucharistiques :
- prière 1 (Canon Romain) : très ecclésiale, relie à l’Eglise primitive et à ses martyrs ;
- prière 2 : la plus simple, la plus courte, se concentre sur l’essentiel ;
- prière 3 : celle où la place et l’action de l’Esprit-Saint sont les plus marquées ;
- prière 4 : développant toute l’Histoire du salut, elle convient particulièrement aux grands moments de l’année liturgique ;
- réconciliation 1 : centrée sur le salut par la Croix du Christ, la miséricorde et le pardon, elle convient tout particulièrement au temps du Carême ;
- réconciliation 2 : pleine de paix et d’espérance, elle convient bien au temps de l’Avent, ainsi qu’aux messes pour la paix et l’unité ;
- circonstances particulières 1 : le titre en donne bien l’orientation : l’Eglise en marche vers l’unité ;
- circonstances particulières 2 : met en valeur la présence du Seigneur à son peuple : Dieu guide son Eglise sur la voie du salut ;
- circonstances particulières 3 : centrée sur le Christ qui nous rassemble et nous guide vers le Père au long des chemins de la vie ;
- circonstances particulières 4 : centrée sur l’amour du Christ et l’appel à en être les témoins.
Quant aux prières pour assemblées d’enfants,
- la 1 développe l’émerveillement devant l’agir de Dieu et de Jésus et ouvre à l’amour mutuel ;
- la 2 souligne l’amour du Seigneur qui nous entraîne sur un chemin de conversion ;
- la 3 souligne aussi la conversion que le Seigneur opère en nous et l’espérance d’un monde nouveau dans la paix. La variante pascale souligne la vie nouvelle et la joie que nous apporte le ressuscité, et nous appelle à en témoigner.
Invitation à redécouvrir (ou découvrir) tout ce trésor et à en offrir les richesses et les beautés à nos communautés !
Doyen Jean-Louis Liénard pour le Service de la Liturgie
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