3/23 PATRIMOINE VIVANT OU PATRIMOINE DORMANT ?

Revisiter la liturgie…

Beaucoup de nos églises disposent d’un certain patrimoine mobilier, sous la responsabilité de la Fabrique d’église, mais dans la foulée de la réforme liturgique de Vatican II, de nombreuses pièces de ce patrimoine se sont retrouvées « en chômage technique » … A certains endroits, elles ont été soigneusement rangées dans des coffres ou des lieux adéquats ; ailleurs, on les retrouve négligées dans une cave humide ou entassées dans un coin de grenier ; parfois, c’est pire : elles ont été perdues, vendues ou données.

Dans la mesure où ces pièces existent toujours, nous plaidons non seulement pour leur bonne conservation, mais pour qu’elles ne soient pas ignorées de la communauté à laquelle elles appartiennent : en effet, à leur manière, elles témoignent de la foi de tous ceux et celles qui nous ont précédés en tel lieu, et ce n’est pas négligeable. Ces pièces patrimoniales font partie de nos racines et leur donner aujourd’hui une certaine place est une manière de reconnaître notre Histoire chrétienne et… d’en rendre grâce.

1. Pour la sauvegarde et la conservation des pièces, un bon inventaire est indispensable. On pourra le comparer avec d’éventuels inventaires précédents et avec ce qui est répertorié dans les inventaires de l’IRPA (base de données : http://balat.kikirpa.be/search_photo.php)

On se référera aussi aux publications et conseils du CIPAR (Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux) : www.cipar.be et info@cipar.be

Pour le Vicariat du Brabant Wallon : laurent.temmerman@diomb.be

2. Occasionnellement, l’organisation d’une exposition des pièces du « trésor » d’une église est toujours un beau moment pour la communauté locale. C’est l’occasion d’un bon travail de nettoyage et d’entretien des pièces d’orfèvrerie, d’un dépoussiérage prudent des textiles, peintures et statues, si nécessaire. Et aussi d’un relais d’accueil des visiteurs et de surveillance des pièces, même si une sécurisation doit idéalement être garantie.

Les paroissiens et autres habitants d’un lieu sont toujours heureux de redécouvrir ou découvrir tout le patrimoine chrétien local.

3. Parmi toutes ces pièces « dormantes », un certain nombre peuvent toujours trouver leur place dans la liturgie actuelle : le tout est de le faire « avec sens ».

Ainsi, sans doute est-il difficile d’employer aujourd’hui d’anciens ornements liturgiques, hormis occasionnellement l’une ou l’autre chape, mais il n’en est pas ainsi des calices, ciboires, encensoirs, chandeliers, croix, …

Ne craignons pas, aux grandes fêtes ou autres occasions festives, d’employer un beau calice ou un beau ciboire du XVIe siècle ou un encensoir ancien.

Si nous disposons d’un certain nombre de chandeliers d’époques et de factures diverses, leur usage à bon escient peut favoriser le relief de nos liturgies :

– de grands chandeliers festifs pour les temps festifs,

– des chandeliers aux tons plus sobres pour les temps de préparation,

– et de petits chandeliers posés sur les coins de l’autel pour les dimanches du temps ordinaire.

Leur nombre peut aussi varier. Et un luminaire à côté du lutrin de la Parole de Dieu s’indique tout autant qu’à l’autel.

De même si l’on dispose de plusieurs croix de procession : utilisons selon les temps une croix festive ou une croix plus ordinaire.

4. Petite réflexion particulière à propos des reliques et reliquaires : en effet, quelle église n’est pas dépositaire de l’une ou l’autre « relique », que ce soit la châsse de tel saint ou telle sainte, bien mise à l’honneur dans l’église, ou quelques petits reliquaires aujourd’hui oubliés au fond d’une sacristie ?

Et de nos jours comme hier, certains chrétiens attachent une grande importance à cela – c’est très humain : pensons aux souvenirs familiaux que l’on se plaît à garder ou à la vénération des tombes à la Toussaint, etc. D’autres, par contre, ironisent, mettant en question la véracité historique de beaucoup de reliques.

Mais la véracité historique n’est pas le souci premier : l’important n’est pas dans la matérialité de ces reliques, mais bien dans la relation qu’elles nous aident à établir, l’acte de foi, même rudimentaire, qu’elles infèrent – ce qui relativise l’incertitude qui peut planer autour de certaines d’entre elles : l’essentiel, c’est l’aval que donne l’Eglise aux démarches croyantes que ces reliques suscitent et c’est là qu’à ses yeux se situe « l’authenticité ». Au niveau de la foi, et non de la matérialité d’abord.

Les reliquaires de nos églises sont des témoignages de foi de ceux qui nous ont précédés et à qui nous devons d’être chrétiens aujourd’hui. Ne fût-ce que cela justifie qu’ils soient conservés et traités avec respect, sinon mis en valeur…

(une autre fiche sera consacrée en détails aux reliques dans l’histoire et la vie de l’Eglise : elle nous donne un historique ainsi qu’une réflexion théologique et spirituelle).

En conclusion : invitation donc à ce que notre patrimoine soit un patrimoine vivant !

Doyen Jean-Louis Liénard, pour le Service de la Liturgie


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