« Il vaut mieux que je m’en aille » disait Jésus au cours de la dernière cène (Jn 14,7). « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » affirme Jésus ressuscité (Mt 28,20). Vivre cette tension « absence/présence » est le lot de tout disciple, c’est notre lot. C’est le Mystère de l’Église, depuis ses origines jusqu’à ce jour ; une Église vivant au souffle de l’Esprit…
« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien.
Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.
Prier l’évangile
de l’Ascension du Seigneur (A)
Matthieu 28,16-20
Télécharger la méditation au format pdf
-
Introduction
L’évangile de ce jour est étonnamment court : les cinq derniers versets écrits par Matthieu. Mais on peut dire qu’à eux seuls ils « re-cueillent » son évangile. C’est le récit d’un double événement : la rencontre de Jésus et l’envoi en mission des disciples. Tous les mots y ont leur poids de « révélation ». Ils nous parlent bien sûr de Jésus ressuscité, des disciples – présents et futurs ; mais aussi de Dieu et, en filigrane, de l’action de l’Esprit Saint lui-même.
Loin d’être un point final, ces quelques lignes ouvrent plutôt largement les portes.
Laissons-nous approcher et envoyer par Jésus vivant.
-
Comprendre la Parole (Mt 28,16-20) – Quelques repères
Matthieu termine son évangile par une seule et unique rencontre de Jésus ressuscité avec ses disciples. Il ne donne aucune indication quant au moment. Il situe l’événement sur une montagne, en Galilée ; la « Galilée des nations » (Mt 4,15), lieu de brassage des Juifs avec des populations étrangères. C’est là que Jésus avait promis de précéder ses disciples une fois ressuscité (Mt 26,32). De quelle montagne s’agit-il ? Nul ne le sait. Y en a-t-il seulement une dans la région ? La montagne évoque la rencontre de Moïse avec Dieu au sommet du Sinaï. Elle est le lieu où Jésus a proclamé les Béatitudes (Mt 5,1) et multiplié les pains (Mt 16,29). Il se retirait aussi dans la montagne pour prier son Père (Mt 14,23). Et c’est sur une « haute montagne » que Pierre, Jacques et Jean sont en présence de Jésus transfiguré (Mt 17,1-9).
Les disciples, ce sont ceux qui ont suivi Jésus et ont reçu son enseignement, notamment sur la montagne. Ils ne sont plus que onze. Il en manque un, Judas qui « est allé se pendre » (Mt 26,5). A la vue de Jésus ressuscité, certains se prosternent, d’autres doutent. Jésus apparaît à une petite communauté blessée et imparfaite. C’est l’Église naissante, les premiers disciples-missionnaires…
« Baptiser au nom de » n’exprime pas un ordre. Dans la Bible, le « nom » désigne la nature profonde de la personne. Alors, baptiser les nouveaux disciples c’est les plonger dans la vie de Celui qui n’est qu’amour et bonté ; c’est les introduire dans une communion vivante avec Dieu « trois fois saint ».
Dans ces quelques versets, Matthieu utilise des termes qui induisent l’accomplissement d’une plénitude touchant la personne de Jésus mais aussi l’humanité, l’espace et le temps : « tout pouvoir », « toutes les nations », « au ciel et sur la terre » et « tous les jours jusqu’à la fin des temps ».
Enfin, Matthieu nous quitte avec une profession de foi : « Jésus EST avec nous », l’Emmanuel.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Mt 28,16-20
16 Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
-
Écouter la Parole de Dieu et la prier
En vivant un temps de Lectio divina
(d’après la grille proposée par « PRIER LA PAROLE … pour en vivre »)
1er temps
Invoquer l’Esprit Saint au cours d’un bref moment de silence.
« Dieu qui fais toutes choses nouvelles
Quand passe le vent de l’Esprit,
Viens encore accomplir tes merveilles aujourd’hui,
viens ouvrir nos cœurs à ta présence,
viens ouvrir notre compréhension
à ce que le Seigneur veut nous dire par sa Parole. »
Ou avec des mots personnels…
2ème temps – Lectio
- Lire le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me paraît important dans le texte.
Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »
3ème temps – Meditatio
- Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que le texte me révèle-t-il de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé-e ? Touché-e ? Interpelé-e ?
Convaincu-e que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.
4ème temps – Oratio/Contemplatio
- Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte bibilique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…
Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.
5ème temps – Actio
Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.
Lecture infiniment personnelle, la lectio divina est aussi une lecture en Église. Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.
Vous pouvez poursuivre votre prière
avec une méditation sur une oeuvre d’art représentant l’Ascension.