La Transfiguration
Qu’est-ce que cette histoire ?
Trois hommes en haut, trois hommes en bas. Trois hommes debout, trois hommes couchés. Trois hommes, chacun sur une cime de rocher, trois hommes couchés sur un même flanc de montagne. En haut, un homme habillé en gris-vert, un en blanc et le troisième en rouge pâle. En bas, un homme habillé en rouge pâle, un en rose et le troisième en gris-vert. Des sommets de montagnes et pas de ciel bleu ; un flanc de montagne et quelques végétaux.
Trois hommes en haut : Élie, Jésus et Moïse. Élie, le prophète emporté par un chariot de feu, devait revenir… et il est là au nom de tous les prophètes de la première Alliance ! Jésus est transfiguré et donc habillé de blanc. Moïse représente la Loi que Jésus vient accomplir.
Icône peinte au Mont Athos © Rixensart
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Trois hommes en bas : Pierre, Jacques et Jean. Pierre chef de file des apôtres, Jacques et son frère Jean. Trois des quatre premiers disciples à avoir été appelés par Jésus. Trois disciples choisis par Jésus, emmenés par lui sur une haute montagne et plus tard à Gethsémani pour veiller avec lui.
Trois hommes debout : Élie, légèrement courbé, présente respectueusement de sa main droite Jésus le Prophète par excellence ; Jésus, hiératique[1], bénit de sa main droite et regarde vers nous ; Moïse, légèrement courbé lui aussi en signe de respect devant le nouveau Législateur, tient les tables de la Loi dans ses mains.
Trois hommes couchés : Pierre, atterré par ce qu’il voit, montre Jésus de sa main droite ; Jacques retourné par ce qu’il a vu, gît à terre en se demandant ce qui se passe; comme Jean, son frère, est renversé et médite.
Trois hommes, chacun sur une cime de rocher : Élie avait rencontré le Seigneur sur la montagne de l’Horeb « dans le murmure d’une brise légère[2] », Jésus avait gravi la montagne pour enseigner les béatitudes[3] et Moïse était monté sur la montagne du Sinaï pour recevoir les Paroles de l’Alliance[4].
Trois hommes couchés sur un même flanc de montagne : Pierre continue à regarder vers Jésus, Élie et Moïse ; Jacques et Jean ont la tête en bas trop retournés par ce qu’ils ont vu. Terrestres, ils sont collés à la terre au moment où se dévoile devant eux la nature céleste de Jésus.
En haut : un homme habillé en gris-vert, Élie qui porte la couleur des prophètes, de l’espérance et de la vitalité ; Jésus, revêtu de lumière exprimée par le blanc, couleur proche de la lumière et couleur de la divinité, sera aussi vêtu de blanc lors de sa mise au tombeau et de sa résurrection ; enfin enveloppé d’un manteau rouge pâle, couleur dont le dynamisme est proche de celui du blanc, Moïse celui avec qui « le Seigneur parlait face à face comme on parle d’homme à homme[5] ».
En bas : en rouge-pâle, aussi la couleur des martyrs, Pierre qui comme Jésus connaîtra la crucifixion ; en rose, Jean, celui que la tradition a toujours vu à la fois comme quelqu’un de jeune, peut-être quelqu’un de rose, pour ne pas dire imberbe[6], et comme le disciple bien-aimé, le plus proche de Jésus, ici sur l’icône comme il le sera lors du repas de la dernière Cène ; enfin, Jacques habillé en gris-vert, couleur végétation qui est rare sur cette icône comme sont peu nombreux les renseignements sur Jacques. Les couleurs des extrémités se répondent en chiasme.
Des sommets de montagnes et pas de ciel bleu, mais un fond d’or, à la fois symbole des cieux et du rayonnement divin. Le bleu-vert est réservé pour le cercle dans lequel Jésus est peint. Le cercle contient ce qui appartient au monde céleste : lors de la transfiguration, Jésus n’a-t-il pas laissé percevoir sa nature divine ?
Un flanc de montagne et quelques végétaux, les disciples sont bien du monde terrestre et n’ont pas encore atteint les sommets de la vie chrétienne que sera tout le mystère Pascal.
L’arrêt sur image de la transfiguration de Jésus proposé par cette icône ne nous invite-t-elle pas à regarder vers Lui, qui est aujourd’hui au sommet d’une gloire, afin de pouvoir le regarder quand il sera au sommet d’une autre gloire, sur la Croix ?
Service liturgie
Vicariat du Brabant wallon
[1] Dans ce contexte, le mot signifie une majesté solennelle et est relatif aux choses sacrées.
[2] 1R19,8.12.
[3] Mt 5,1.
[4] Ex 19.
[5] Ex 33,11.
[6] 1 Sam 16, 12 : la traduction parle de « roux » mais le mot hébreu dit « rose » pour dire imberbe.
Hymne pour accompagner :
« Aujourd’hui, revêtu de lumière »
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