Les représentations de Jean-Baptiste ne manquent pas : enfant avec le Christ, haranguant les foules au désert, baptisant les foules, le Christ et puis son martyr. Le Greco, dans une toile de 1600, représente Jean-Baptiste au désert. Seul, sans les foules qui viennent se faire baptiser et dans une attitude plutôt mélancolique.
En arrière-plan, le ciel prend les deux tiers de la toile. Il met le personnage en avant et l’entoure d’une aura tout à la fois sombre et lumineuse.
Un de ces ciels d’orage magnifiques où les ténèbres sont côtoyées de près par la lumière ; un instant suspendu où l’on ne sait pas encore bien ce qui va advenir : le ciel va-t-il déverser sa colère ou bien va-t-il s’apaiser peu à peu ? Ainsi, Jean-Baptiste annonce un évènement : « Préparez les chemins du Seigneur ». Il ne comprend sans doute pas tout ce qu’implique son annonce, ni qui arrivera vraiment après lui mais ce qu’il pressent déjà c’est que « Dieu a tant aimé le monde » (Jn 3, 16) qu’il va faire un geste d’amour radical : nous donner son fils.
La campagne dans le bas de la toile est d’apparence paisible, dans l’attente sans doute de ce qui va ou non lui tomber dessus.
Notre réalité d’aujourd’hui n’est-elle pas un peu semblable ? Dans la tourmente certes, mais de toutes parts – pour qui sait y regarder – illuminée par des actes de solidarité, de fraternité, d’attention aux plus souffrants, aux plus faibles ; des actes d’espérance pareille à celle qui nous est annoncée.
Est-ce que je vois, dans mon quotidien, ces éclats de lumière ?
Revenons à Jean-Baptiste, c’est dans ce contexte d’attente, d’annonce, d’appel à la conversion que Le Greco le représente debout, les pieds bien ancrés au sol. Son visage et son regard perdu dans le vague dénotent avec la vigueur et la solidité qui émanent de son corps.
Dans ce paysage désert et l’esprit vers ailleurs, à quoi peut bien penser Jean-Baptiste ? Se prépare-t-il à la tâche qui lui est confiée ? Reprend-il souffle pour inlassablement proclamer aux foules : « Repentez-vous… Préparez les chemins du Seigneur… Il vient celui qui est plus grand que moi » ?
Là où d’autres artistes représentent la foule (bigarrée, colorée, diverse), Le Greco a-t-il voulu, par la solitude et l’attitude de Jean-Baptiste, nous centrer sur le cœur de son annonce ?
En effet, celui qui regarde cette peinture est d’abord irrémédiablement attiré par le personnage de Jean-Baptiste pour être presque aussitôt tourné vers la croix. Le visage de biais et le regard évanescent semblent nous dire : ce n’est pas moi qui compte mais celui qui vient, regardez. Regardez ce que je vous annonce.
Sa main droite nous guide, elle nous montre la croix qu’il porte de la main gauche. Croix dorée sur sa partie supérieure. Couleur royale : c’est le Fils de Dieu qui nous est annoncé.
Et dans un même temps, au pied de la croix – l’entourant presque – l’Agneau qui représente le Christ. Il dort, paisible, abandonné. Comme le petit enfant de la crèche qui se fait simplement fils de l’homme et qui s’offre à notre humanité, en toute confiance.
J’accueille un instant le sommeil paisible de cet Agneau et je rends grâce de ce que Dieu ait choisi l’infiniment petit pour faire advenir un amour infiniment grand.
Service de la formation
Vicariat du Brabant wallon
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