Lectio divina – 33ème dimanche ordinaire(A) – 15 novembre 2020

Et qui a déjà fait des randonnées en montagne sait que le but à atteindre est parfois bien caché. La fatigue se fait sentir, le paysage est splendide et nous suffit ; la tentation est grande d’en rester là. Le confinement, la lassitude face à la situation ou le cocooning des longues soirées pourraient aussi nous entraîner vers un certain assoupissement. Les lectures de ces dimanches viennent à point nommé pour nous remettre debout, nous laisser entrevoir le sommet, renforcer la cordée. « Heureux celui qui marche selon les voies du Seigneur » nous dira le psaume.

« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien.

Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.

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Prier l’évangile du 33ème dimanche du Temps ordinaire A

Matthieu 25,14-30

  • Introduction

Les lectures de ce jour nous renvoient à la vigilance : « Vous savez bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. (…) Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres » (1Th5,2 et 6). La sobriété à laquelle nous exhorte si souvent le pape François ferait-elle partie de notre vigilance ?

Les textes de ce jour nous invitent aussi à une certaine attitude vis-à-vis du Seigneur qui pourrait s’intituler ainsi : « Il y a crainte et crainte ». La crainte du Seigneur qui attire bénédiction et bonheur évoqués tant dans le livre des Proverbes (Pr31,30) que le psaume (Ps 127,1 et 5). Elle se déploie comme dans la vie quotidienne de la femme parfaite du livre de Proverbes ou dans celle de l’homme qui « marche selon les voies du Seigneur » (Ps 127,1). Mais il y a aussi la crainte, ou plutôt la peur, celle du troisième serviteur dans la parabole des talents.

Faisons donc le bon choix pour être ces « fils de la lumière » dont parle saint Paul.

  • Comprendre la Parole (Mt 25,14-30) – Quelques repères

L’évangile de ce dimanche appartient toujours au discours sur la fin des temps. Le chapitre 24 évoque clairement la venue du « Fils de l’Homme avec puissance et grande gloire » ainsi que la question qui en découle et peut nous poursuivre : « quand cela arrivera-t-il ? ».  Jésus répond avec trois paraboles qui ne parlent nullement d’un moment précis mais plutôt du comment attendre cette venue, surtout quand elle tarde. Des paraboles qui s’éclairent et se complètent mutuellement. Celle du serviteur fidèle (Mt 24,45-51) met l’accent sur la difficulté à tenir dans la durée et la tentation alors de quitter le bon chemin. La parabole des dix jeunes filles invite à croire à la venue de l’Epoux et à faire en sorte d’être vraiment « là », lampe allumée, au moment où il arrive. Puis vient la parabole des talents.

Une parabole est une comparaison. Il s’agit d’en saisir la fine pointe. Certains de ses éléments  nous y aident plus que d’autres.

Celle des talents commence au présent : « C’est comme… ». Visiblement, elle concerne notre vie d’aujourd’hui, notre vécu pendant le temps de l’attente.

Il y est question d’un homme qui va partir en voyage et confie ses biens, des talents, à trois serviteurs ; à chacun selon ses capacités.

Qu’est-ce qu’un ‘talent’ ? En Grec, le mot ‘talenton’ désigne la plus grosse unité de mesure de l’argent ou de l’or (soit environ 25kg). Cette valeur correspond à pas moins de six mille journées de travail d’un ouvrier. Autant dire qu’il s’agit d’une somme colossale, que ce soit un, deux ou cinq talents !

Le terme ‘capacité’ peut être compris de deux manières. Dire de quelqu’un qu’il a des capacités, c’est lui reconnaître des aptitudes réelles. Le même mot peut aussi renvoyer au système métrique et ses mesures de capacité : un ml, un cl, un dl… Il évoque alors la faculté d’un contenant à accueillir plus ou moins tout simplement suivant sa taille. Mais l’un comme l’autre peuvent être remplis ou… comblés, « comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu » nous dit saint Paul (Ep 3,19).

Un maître et trois serviteurs

Il sera intéressant de bien les observer : ce qu’ils font, ce qu’ils disent ; la relation qu’ils ont entre eux : le maître envers les serviteurs et ceux-ci vis-à-vis du maître. Comment les serviteurs perçoivent-ils les talents ? En quels termes en parlent-ils ?

Mais il y a aussi des choses qu’on ne saura jamais : qu’ont fait les deux serviteurs pour doubler la mise ? L’important n’est peut-être pas dans le faire mais ailleurs. Il est à remarquer qu’au sujet du rendement c’est tout ou rien : 100% ou 0% !… Comme deux chemins ; l’un ou l’autre.

Le troisième serviteur enterre son talent. Dans la culture juive, le gardien d’un bien n’est pas responsable, en cas de vol ou disparition, s’il avait enfoui ce bien dans la terre. Être responsable ou pas…

Finalement, comment comprendre les deux derniers versets (29 et 30) ? L’un parle d’abondance, si pas d’une surabondance : dix talents plus ce que le maître lui confiera encore, plus un talent… Comme une source qui n’en finit plus de couler. Cela sent bon la vie.

L’autre parle en termes de damnation, d’expulsion. Le troisième serviteur aurait-il fait un choix mortifère ?

« Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Dt 30,19 et 20)

Tel est le discernement à faire chaque jour : choisir ce qui a goût de joie, de vie, d’ouverture et d’audace.

Ou bien…

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
(25,14-30)

14 « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.

15 À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt,

16 celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.

17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.

18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.

20 Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.”

21 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

22 Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.”

23 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

24 Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.

25 J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”

26 Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.

27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.

28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.

29 À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !”

Écouter la Parole de Dieu et la prier

En vivant un temps de Lectio divina
(d’après la grille proposée par « PRIER LA PAROLE … pour en vivre »)

1er temps

Invoquer l’Esprit Saint au cours d’un bref moment de silence,

  • puis d’un temps de prière, tel que ce Veni Creator

Viens Esprit,
Mets ta lumière en nos esprits,
Répands ton amour en nos cœurs,
Et que ta force sans déclin
Tire nos corps de leur faiblesse.

Repousse l’adversaire au loin ;
Sans tarder donne-nous la paix ;
Ouvre devant nous le chemin :
Que nous évitions toute faute ! »
Veni Creator

  • Ou avec des mots personnels…
  • En accueillant l’Esprit avec un chant de Taizé, par exemple celui-ci

2ème temps – Lectio

  • Lire le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me paraît important dans le texte.

Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »

3ème temps – Meditatio

  • Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que le texte me révèle-t-il de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?

Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.

4ème temps – Oratio/Contemplatio

  • Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession… Avec tout ce que je suis et vis ce jour.

Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.

5ème temps – Actio

Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église. Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.    

Une proposition du Service de la Vie spirituelle

Illustration : Pixabay – CC0 – Free-Photos

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