Lectio divina – 32ème dimanche du temps ordinaire(A) – 8 novembre 2020

La Toussaint nous a replacés dans cette tension entre un bonheur futur et à la fois déjà là, grâce de Dieu toujours offerte ; l’un appelant l’autre. Les textes de ce dimanche vont dans le même sens. Ils nous font osciller entre une venue du Seigneur aujourd’hui mais aussi à la fin des temps. 

Le Seigneur reviendra ! chantait le père Duval.

Il l’a promis. Il reviendra la nuit qu’on n’l’attend pas. (…)

Nous serons tout pour lui,

Tout pour sa joie, puisqu’il est tout pour nous pendant la vie.

Dans ma tendresse je crie vers lui :

Mon Dieu serait-ce pour cette nuit ?

« Tout pour Lui », « tout pour nous pendant la vie », « pour sa joie » et puis, la question « quand ? » : ces paroles donnent bien le ton.

« Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien.

Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.

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Prier l’évangile du 32ème dimanche du Temps ordinaire A

Matthieu 25,1-13

  • Introduction

La Sagesse « va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle » (Sg 6,16). Les lectures de ce dimanche sont traversées par un double mouvement d’allées et venues qui, finalement, tendent vers une rencontre. « La Sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (Sg 6,12) et « elle devance leurs désirs » (Sg 6,13). Le psalmiste exprime le cri de celui qui « cherche Dieu dès l’aube » (Ps 62,2) et en même temps, il reconnaît que le Seigneur « est venu à son secours » (Ps 62,8). Saint Paul évoque aussi la « venue du Seigneur » (1Th 4,15). Il « descendra du ciel » (1Th 4,16) et « nous serons emportés sur les nuées » (1Th 4,17) pour une rencontre éternelle avec le Seigneur. Et tout cela se concentre en une seule phrase au cœur de l’évangile : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! » (Mt 25,6).

À chacun alors de chercher, se laisser trouver, être reconnu digne de la Sagesse, la contempler… dès maintenant et dans l’attente d’une venue définitive du Seigneur.

  • Comprendre la Parole (Mt 25,1-13) – Quelques repères

L’évangile de ce dimanche appartient à ce qu’on appelle le « discours eschatologique ». Dans le chapitre précédent (24), il est question de l’avènement du « Fils de l’Homme avec puissance et grande gloire » (24,30) c’est-à-dire sa venue à la fin des temps, appelée parousie.

La parabole des ‘dix jeunes filles‘ est au centre d’un triptyque de trois paraboles qui ont des points communs : un maître qui doit revenir ou un époux qui est attendu. L’un et l’autre tardent ou « arrivent longtemps après » (25,19).

Les premiers chrétiens, pour qui Matthieu écrit son évangile, sont convaincus que Jésus va revenir bientôt, que la fin des temps est imminente. Mais non ! Il va falloir tenir dans la durée et veiller à accueillir sa ‘venue‘ dans ce qu’ils vivent au quotidien. « Il est venu, Il vient et Il reviendra. »

Telle est la toile de fond de Mt 25,1-13.

Une parabole est une comparaison : « Il en sera… comme d’un(e) ». Il convient d’en saisir la fine pointe. Tous les détails ne sont donc pas à prendre en considération même s’ils peuvent suggérer un « quelque chose » d’inouï ou de paradoxal. Quand le Royaume des Cieux s’approche, il nous surprend toujours.

La comparaison porte sur l’attitude des dix jeunes filles. Elles vont à une rencontre et se mettent à l’attendre. À la clé, il y a une fête, celle de noces.

Dix, comme les dix doigts de de la main : ce nombre évoque l’action. Les dix commandements sont l’agir de l’homme en réponse à l’amour de Dieu.

Matthieu distingue deux catégories de jeunes filles, les insouciantes et les prévoyantes. Comme il y a deux chemins dans le psaume 1(v.6 : « Le Seigneur connaît le chemin des justes mais le chemin des méchants se perdra. » Il y a donc deux attitudes : c’est l’une ou c’est l’autre.

Pour une bonne compréhension de la parabole, il sera important de relever les différences entre les deux groupes. Mais ils ont aussi des points communs. Ainsi, toutes les jeunes filles finissent par s’endormir : au cri poussé dans la nuit, elles se réveillent et apprêtent leur lampe.

Vient alors l’épisode du partage de l’huile. Si nous y recherchons une leçon sur l’entraide, c’est plutôt compromis. Mais alors, quelle est cette huile qui ne se partage pas ? Ou bien, y aurait-il quelque chose de plus important à vivre à ce moment précis ?

Reste à comprendre la réponse de l’époux : « Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas. » Est-elle prononcée comme une sentence sur un ton impérieux, ou sur le mode du reproche ? Peut-on imaginer qu’elle soit teintée d’une grande tristesse ? Pour la comprendre, nous pouvons l’éclairer par un autre passage de l’évangile de Matthieu : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons expulsé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?’ Alors je leur déclarerai : « Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui commettez le mal ! » (7, 21-23). « Seigneur ! Seigneur ! », n’est-ce pas aussi le cri des insouciantes ?

Recevons aussi cette réponse avec tout le poids du verbe « connaître » : dans la culture biblique juive c’est le « yada » hébreu, la connaissance intime, même l’union (Adam « connut » Eve dans l’ancienne traduction, la version de l’AELF dit « s’unit à »). Connaître c’est fréquenter.

Pourquoi donc sont-elles exclues ? Qu’est-ce qui fait la grande différence entre les deux catégories de jeunes filles ?

La parabole se termine et Jésus nous en donne la clé : il s’agit de ne pas « manquer » le bon moment, le bon jour à la bonne heure !

Alors, qu’est-ce que VEILLER aujourd’hui, tout spécialement au cœur de cette pandémie ?


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (25,1-13)

01 « Alors, le Royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.

02 Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :

03 les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,

04 tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.

05 Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.

06 Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”

07 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.

08 Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”

09 Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”

10 Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.

11 Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”

12 Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”

13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.


Écouter la Parole de Dieu et la prier

En vivant un temps de Lectio divina
(d’après la grille proposée par « PRIER LA PAROLE … pour en vivre »)

1er temps

Invoquer l’Esprit Saint au cours d’un bref moment de silence.

  • « Viens Esprit de Sagesse et d’Intelligence,
    viens ouvrir nos cœurs à ta présence,
    viens ouvrir notre compréhension
    à ce que le Seigneur veut nous dire par sa Parole.
    Accompagne-nous dans notre Lectio divina de ce jour. »
  • Ou avec des mots personnels…
  • Vous pouvez aussi vous mettre en présence de l’Esprit en écoutant ce chant

2ème temps – Lectio

  • Lire le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me paraît important dans le texte.

Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »

3ème temps – Meditatio

  • Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole. Qu’est-ce que le texte me révèle-t-il de lui ? Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé(e) ? Touché(e) ? Interpelé(e) ?

Convaincu(e) que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.

4ème temps – Oratio/Contemplatio

  • Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur : je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession… Avec tout ce que je suis et vis ce jour.

Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.

5ème temps – Actio

Il y a bien un 5ème temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Église. Il est bon de terminer en priant le Notre Père qui nous replace au cœur de l’Église.

Une proposition du Service de la Vie spirituelle

P.S. Illustration : CC0-Pixabay-FreePhoto

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