Lectio divina – Croix Glorieuse

Prier la Parole … pour en vivre

« L’humble fille d’un aubergiste élevée au rang d’impératrice… », ainsi commence l’histoire de la fête de la Croix glorieuse. Et cette souveraine, qui n’est autre que sainte Hélène, n’a jamais renié ses origines.

Elle met toute son énergie et ses richesses au service des «petits». Par l’empereur Constantin, son fils, elle découvre la foi en Jésus-Christ. Alors, elle n’a plus qu’un seul désir : marcher dans les pas du Seigneur, au propre comme au figuré. Elle part en Terre Sainte. Là,  elle est persuadée d’avoir retrouvé la croix de Jésus au Golgotha. Elle fait alors construire en ce lieu une basilique, englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre. Cette basilique dite « de la Résurrection » (qui plus tard deviendra le Saint Sépulcre) fut consacrée un 13 septembre. Au lendemain de sa dédicace, le 14 septembre donc, la sainte Croix fut exaltée et honorée, comme un trophée, celui de la victoire pascale.  Par la suite, ce jour fut choisi pour célébrer une fête qu’on appela « Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » parce que son rite principal consistait en une ostension solennelle d’une relique de la vraie croix.

En nous situant dans le contexte romain de l’époque – 4e siècle -, on mesure mieux l’inouï de cette démarche. La crucifixion était le supplice le plus humiliant, destiné à ceux qui avaient osé offenser l’empereur ! Il était ignoble : des hommes crachaient  leur mépris et leur haine (voir la passion de Jésus), s’acharnaient sur un autre homme. La croix évoquait ce qui pouvait exister de plus dégradant. Alors, vouloir la mettre à l’honneur, la vénérer comme un objet sacré, c’est le monde romain à l’envers ; c’est élever au plus haut ce qui était le plus vil.

 « Prier la Parole… pour en vivre » propose une écoute priante de la Parole. Elle est fondée sur la conviction que la Parole de Dieu est vivante et « prend chair » aujourd’hui dans la vie de celui qui l’accueille en vérité. Passant par une compréhension du texte, la recherche de son sens profond, elle achemine naturellement vers un cœur à cœur avec Dieu qui ne peut qu’influer sur l’agir au quotidien. Cette prière de la Parole est l’héritière d’une longue tradition appelée Lectio divina.

Prier l’évangile de la fête de la Croix glorieuse

Jean 3,13-17

  • Introduction

 Tant dans la première lecture extraite de la lettre aux Philippiens (Ph 2,6-11) que dans l’évangile de cette fête, des mouvements du haut vers le bas ou inversement sont omniprésents. Comme si nous étions témoins d’un va-et-vient entre le ciel et la terre, une attention de l’un pour l’autre, voire une tension de l’un vers l’autre jusqu’à sceller « l’Alliance nouvelle et éternelle » pour le salut de tout homme. Voilà l’œuvre de Dieu, que le psaume nous révèle « miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait ».

Entrons dans ce mouvement, mettons-nous au pied de la Croix. Levons les yeux vers unique espérance… pour en recueillir toute l’intensité de l’amour de Dieu.

  •  Comprendre la Parole (Jn 3,13-17) – Quelques repères
    • Dans le chapitre 3 de saint Jean, Nicodème va trouver Jésus, de nuit. C’est un notable. Il « sait » (Jn3,2) mais il ne « connait » pas (Jn3,10). Lui, le personnage important se fait quand même tout petit, humble. Il se met à l’école de Jésus qui, tout naturellement, peut lui parler de « naître » et « renaître» de l’eau et de l’Esprit. Puis Jésus lui redit l’importance de croire en son témoignage,  car « nul n’est monté au ciel sinon … ».
    • Que peut bien signifier le serpent de bronze de Moïse ? Il nous faut aller dans le livre des Nombres (21,4b-9) pour comprendre :

04 Mais en chemin, le peuple perdit courage.                                                                                              05 Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »   

06 Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.                                                                                                                07 Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple,  

08 et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »

09 Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !

Depuis le récit de la création, le serpent est l’image de Satan. Dans le désert, il n’y en a pas qu’un, ils sont légions à  mordre les fils d’Israël et à les faire mourir. Ils sont envoyés par Dieu pour les empêcher de continuer à récriminer.

Pour vaincre cette morsure mortelle des serpents, Dieu, toujours à l’initiative, demande à Moïse d’élever sur un mât un serpent, tout aussi brûlant ( !) et solide. Cela reste très mystérieux. Pourquoi l’image même du tentateur serait-elle ce qui va nous sauver des morsures des démons ? Jésus va plus loin, il se compare et s’identifie à ce serpent élevé en disant que lui-même sera élevé sur la croix.

    • Le verset 16 donne le ton : l’amour de Dieu est premier. « Dieu a tant aimé le monde… » avons-nous en tête. La nouvelle traduction liturgique emploie le mot « tellement ». Et c’est heureux : cet adverbe « introduit une subordonnée de conséquence » (Larousse). Dieu ne peut nous aimer sans agir.

EVANGILE DE JESUS-CHRIST SELON SAINT JEAN 3,13-17

13 Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.

14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,

15 afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.

16 Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.

17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.

  • Ecouter la Parole de Dieu et la prier

 En vivant un temps de Lectio divina (d’après la grille proposée par « PRIER LA PAROLE … pour en vivre »)

1er temps

Invoquer l’Esprit Saint au cours d’un bref moment de silence.

  • « Dieu qui fais toutes choses nouvelles
    Quand passe le vent de l’Esprit,
    Viens encore accomplir tes merveilles aujourd’hui. »

Viens ouvrir nos cœurs à ta présence,

           Viens ouvrir notre compréhension à ce que le Seigneur veut nous dire par sa Parole.

  • Ou avec des mots personnels…

2e temps   Lectio

  • Lire le texte en silence : je repère les mots, les personnages, les mouvements, le lieu… Je me représente la scène… Je relève ce qui me parait important dans le texte.

 Cette étape revêt un caractère plus studieux mais est importante pour « scruter » le texte biblique et lui permettre de véritablement me parler. « Que me dit le texte ? »

3e temps  Meditatio

  • Relire lentement le texte : je regarde Jésus. Il me parle à travers cette Parole.  Qu’est-ce que le texte me révèle-t-il de lui ?  Quelle est la foi qui s’y exprime ? Comment ce témoignage de foi résonne-t-il en moi ? Qu’est-ce qui me rejoint aujourd’hui ? En quoi suis-je éclairé-e ?

Touché-e ? Interpelé-e ?

 Convaincu-e que cette Parole de Dieu s’adresse à moi pour aujourd’hui, je ne me précipite  pas pour rechercher des applications concrètes immédiates. Je ne me fixe pas sur moi-même mais sur Dieu en ayant une lecture christocentrique et en m’attachant d’abord à contempler la grandeur et la beauté du Mystère révélé.

4e temps   Oratio/Contemplatio

  • Relire le texte lentement et laisser monter ma réponse, une prière nourrie des paroles du texte biblique et véritable cœur à cœur: je laisse mon cœur parler librement à Dieu, dans la louange, la demande de pardon, la supplication, l’intercession…

Il ne faut pas avoir peur de consacrer du temps à cette étape. Donner le temps au temps… pour permettre une adhésion du cœur. Le laisser s’ajuster à la disposition intérieure du Christ.

 5e temps : Actio

Il y a bien un 5e temps, car en prolongement à ce temps de prière et par « la grâce de Dieu », la Parole prendra chair dans le concret de ma vie.

Lecture infiniment personnelle, la Lectio divina est aussi une lecture en Eglise.       

Il est bon de terminer en priant le NOTRE PÈRE qui nous replace au cœur de l’Eglise.

Service « Vie spirituelle » – Vicariat Brabant wallon

Vous avez lu ou vous avez vécu la Lectio divina. Nous serions heureux de connaître vos réactions. Merci de nous laisser un  message dans les commentaires ci-dessous ou sur notre adresse  viespirituelle@bwcatho.be .

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